Des chercheurs de l'IRD et de l'Inra regroupés au sein de l'IFR Biotechnologies agro-industrielles de Marseille ont développé un procédé biologique non polluant de prétraitement de la bagasse. En favorisant la destruction de la lignine contenue dans ce résidu de la canne à sucre, il permet de réduire de moitié l'énergie nécessaire au défibrage mécanique appliqué à la bagasse avant sa valorisation en pâte à papier, ce qui est peu fréquent : la papeterie n'absorbe aujourd'hui que 10 % de la production mondiale de bagasse. Le procédé repose sur l'utilisation d'un champignon filamenteux, Pycnoporus cinnabarinus, qui produit naturellement mais en faible quantité une enzyme appelée laccase. Celle-ci détruit la lignine, responsable de la rigidité des fibres et de la coloration jaunâtre de la pâte.
Pour améliorer la synthèse de cette enzyme par le champignon, les chercheurs ont injecté de l'éthanol gazeux par convection forcée dans le milieu. Cet inducteur a permis de multiplier par 45 le rendement de la réaction, tout en étant très peu consommé. Pour éviter son rejet dans l'atmosphère, deux possibilités ont été étudiées : le recyclage dans le système ou le couplage avec un autre bioréacteur inoculé avec une levure qui le consommera. Réalisés à grande échelle dans un réacteur de 18 litres, les essais menés sur une vingtaine de jours ont abouti à un taux de délignification moyen de 12 %, et permis d'améliorer de 35 % la résistance mécanique du papier produit. En outre, ce procédé peut être reproduit sur d'autres matières premières (bois, céréales...) avec un inducteur comme le méthanol, qui se trouve être un polluant de l'industrie papetière émis avec d'autres COV gazeux pendant l'étape de « cuisson kraft » de la pâte.