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Déchets recherchent solutions de proximité

LA RÉDACTION, LE 1er JANVIER 2009
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1GÉRER SABLES ET GRAISSES Si les boues d'épuration suivent des filières bien rôdées, les exutoires restent trop rares pour les sables et les graisses générés en amont du cycle de l'assainissement collectif. Avec 1 million de tonnes de matière sèche de boues d'épuration produites en France en 2006, l'épandage agricole reste la voie royale de valorisation. Sans risque de saturation puisqu'on estime que l'épandage du gisement national des boues n'utiliserait pas plus de 5 % de la surface agricole utile. Et les plans d'épandage instaurés en 1997, auxquels devrait bientôt s'ajouter un fonds de garantie boues pour les terres agricoles contaminées, peuvent être considérés comme un gage supplémentaire de sécurité. En cas de blocage local, d'autres choix techniques existent : macrophytes, pour les petites stations, et filières alliant compostage et incinération avec valorisation énergétique, pour les autres. En comparaison, la gestion des déchets sableux (900 000 t/ an de matières de curage) et gras (250 000 à 1 million de tonnes par an) présente encore de larges zones d'ombre. Une partie du flux sort des stations d'épuration (step) au niveau du prétraitement par les dégraisseurs-dessableurs. Une production traitée autant que possible en interne. Pour les graisses, les usines (à partir de 50 000 EH) s'équipent de réacteurs biologiques aérés (Carbofil, Biolix, Biomaster...) aptes à dégrader la forte charge organique, voire d'épaississeurs avant valorisation énergétique par incinération avec les boues. Quant aux sables, ils sont lavés (trommel, hydroséparateur et hydrocyclone) et stockés avec utilisation possible en remblais. Ecopur, filiale de Veolia Propreté, valorise les graisses en biocombustible, le Lipofit, après traitement (dégrillage, chauffage-centrifugation) ; les sables sont lavés et utilisés en technique routière sous le nom de Valorisable. Entre 2006 et 2007, le port autonome de Bonneuil-sur-Marne (94) a ainsi écoulé la production annuelle (1 500 t) du site Ecopur voisin dans la construction de son réseau d'assainissement. « Des solutions techniques existent pour traiter ces déchets, mais le problème est surtout lié au fait qu'ils sont encore mal identifiés », souligne Fabrice Lefebvre, directeur général d'Ecopur. Car les déchets sableux proviennent également du curage des réseaux d'assainissement et les déchets gras du nettoyage des bacs à graisses des restaurateurs, dont seulement un tiers en seraient équipés aujourd'hui. Pour les professionnels qui les collectent à l'issue de l'entretien des ouvrages, la présence de solutions de traitement de proximité est essentielle. Et le constat dressé par la Fédération nationale des syndicats de l'assainissement (FNSA) est alarmant : « on a en France un vrai problème d'exutoires sur ces déchets alors que les entreprises d'assainissement qui en assurent la prise en charge sont demandeuses de solutions, sites publics ou privés », observe Thomas Felon, responsable environnement et technique à la FNSA. Les contraintes semblent particulièrement fortes sur les graisses qui, rejetées dans les réseaux, risquent de provoquer des obstructions et posent des problèmes de sécurité pour les intervenants. Consciente de l'enjeu, la ville de Paris a lancé en 2006 un programme de sensibilisation des restaurateurs de la capitale en soutenant la mise en place de séparateurs à graisses et en instaurant un suivi renforcé des pratiques. Mais si les tonnages collectés augmentent, les filières de traitement vont nécessairement devoir suivre. Pour favoriser leur développement auprès des collectivités, la FNSA travaille à l'élaboration d'un guide technique sur l'élimination des déchets d'assainissement qu'elle espère mettre en ligne cette année. 2INTÉGRER LES MATIÈRES DE VIDANGE L'évolution de la réglementation sur l'assainissement non collectif va imposer une gestion plus transparente des matières de vidange. Les flux sont importants et les solutions disponibles très variables selon les régions. Avec près de 15 millions de Français non raccordés à un réseau d'assainissement collectif, soit environ 4,8 millions de fosses septiques de 2,5 m3, le gisement de matières de vidange, (déchets liquides provenant en majorité de l'entretien des fosses toutes eaux et des bacs à graisses des particuliers), est estimé entre 2 et 4 millions de tonnes par an pour un entretien tous les quatre ans. Aujourd'hui, près de 40 % de ces déchets ne subiraient encore aucun traitement. Mais depuis la nouvelle loi sur l'eau de 2006, la situation est en passe d'évoluer. Un arrêté dont la publication a été reportée au mois de février va instaurer un agrément obligatoire pour les personnes réalisant des vidanges, entreprises et agriculteurs. Les demandeurs d'agrément devront justifier à tout moment du devenir des déchets jusqu'à leur élimination, via la tenue d'un registre de bordereaux de suivi et d'un bilan d'activité annuel de vidange adressé au préfet. Une obligation de traçabilité qui devrait ouvrir la voie à un encadrement plus rigoureux des filières et faciliter le travail des services publics d'assainissement non collectif qui opteront pour l'entretien des dispositifs individuels. Il était temps car, jusqu'à présent, on en savait très peu sur leur gestion. Soutenue par l'Ademe, la Fédération nationale des syndicats de l'assainissement (FNSA) et le Syndicat national des entreprises de service d'hygiène et d'assainissement (Snea) sont à l'initiative du premier recensement des sites d'accueil et de traitement des déchets d'assainissement (matières de vidange, sables et graisses) réalisée en 2007. « Il était nécessaire de faire un état des lieux national pour quantifier les exutoires réglementaires existants et aider les entreprises d'assainissement à trouver des solutions pour les déchets qu'elles prennent en charge », souligne Thomas Felon, de la FNSA. Ces résultats, après enquête auprès de 666 sites, ont été intégrés à Sinoe, la base de données sur les déchets de l'Ademe ; ils seront actualisés cette année. « Sur les matières de vidange, on note d'importantes disparités entre les régions, avec des maillages très différents et des coûts de dépotage allant du simple au triple. Il y a donc un réel besoin de créer des unités de traitement supplémentaires et/ou d'adapter les unités existantes pour optimiser les solutions en termes de coût de transport et de traitement », analyse le responsable de la FNSA. Les stations d'épuration (Step) représentent actuellement leur principale destination, devant l'épandage agricole autorisé pour les matières de vidange comme pour les boues d'épuration par le décret de 8 décembre 1997 avec mise en place de plans d'épandage. La création d'aires de réception tend ainsi à se développer sur les nouvelles usines de plus de 10 000 EH, encore plus sur les grosses unités de 100 000 EH. L'apport est alors limité entre 10 et 15 % de la charge maximale traitée et à 3 % du débit maximal. Après dépotage et analyse de la qualité, elles sont dégrillées et envoyées dans des fosses de réception. Puis brassées et désodorisées avant réinjection progressive dans la station - de préférence la nuit pour éviter une surcharge de pollution. « Dans le respect de ces bonnes pratiques, l'accueil des matières de vidange ne pose pas de problème particulier aux exploitants. Le surcoût représente moins de 10 % du coût d'investissement initial et n'influence le coût d'exploitation qu'en fonction du volume traité et de la filière de traitement des boues », observe Roger Pujol, expert assainissement chez Lyonnaise des eaux. De l'avis des vidangeurs, il serait cependant urgent de systématiser les conventions de dépotage avec les maîtres d'ouvrage des stations pour éviter certaines dérives concernant les horaires d'ouverture des sites ou les modalités de tarification. Autre solution lorsque les step ne peuvent pas suivre, les centres de traitement privés. En Gironde, un centre de traitement des matières d'assainissement (CTMA) a été créé à Lissac, en 2004, par un vidangeur en manque d'exutoire. Aujourd'hui, le site accueille dix-huit vidangeurs locaux, soit 24 000 m3/an traités par un réacteur pour forte charge aérobie (Carbofil) suivi d'un bassin d'aération et d'une lagune de finition avant rejet. Les boues générées sont déshydratées et acheminées vers un centre de compostage. « À la place, nous réfléchissons à développer un procédé de valorisation énergétique sur site qui nous rendrait autonome sur toute la filière, précise Aurélie Jousseaume, responsable environnement chez CTMA. Comparés au traitement sur la seule step urbaine d'accueil (7 à 10 €/m3), nos tarifs - en l'absence de subvention - sont forcément plus élevés (15 à 20 €/m3). Mais avec le transport, certains vidangeurs gagnent à venir chez nous. Tout cela s'équilibre. » Le mode de collecte a également son importance. Quand elle fonctionne bien, la collecte fractionnée par camions hydrocureurs à deux compartiments (Rivard, Huwer) permet de séparer phase aqueuse et boues, de gagner en volume disponible pour le stockage et d'optimiser les apports en step. Spécialiste de la collecte des déchets liquides, Sarp, filiale de Veolia Propreté, propose depuis 2004 un dispositif innovant, Elephant'eau qui allie collecte et traitement embarqué sur le lieu d'extraction. Après une séparation par prétraitement physico-chimique, la phase liquide est réinjectée dans la fosse et les boues déshydratées dans le camion par un cylindre filtrant-pressant. « Cinq camions tournent sur la France avec une capacité unitaire de 3 000 m3/an, soit 600 m3/an de boues envoyées en compostage ou/et épandage. Le gros avantage : cette technique supprime le passage en step pour un coût global équivalent », observe Bertrand Lejeune, à la direction technique de Sarp, qui a réalisé dans ce contexte une analyse de cycle de vie des différentes filières de collecte. «Au final, aucune solution ne s'impose. Le paramètre limitant, au-delà de l'économique, est lié aux variables géographiques locales. Une analyse fine de ces paramètres est un préalable nécessaire au succès des filières. » 3ORGANISER LES FILIÈRES PAR DÉPARTEMENTS La gestion des déchets d'assainissement s'organise à l'échelle départementale via l'élaboration de plans ou schémas d'élimination. Avec pour objectif de trouver des solutions de proximité pérennes. Graisses, sables, refus de dégrillage, matières de vidange et boues de station d'épuration, l'ensemble des sous-produits de l'assainissement sont considérés comme déchets non dangereux. À ce titre, ils peuvent être intégrés aux plans d'élimination des déchets ménagers et assimilés (Pedma) élaborés par les conseils généraux. Les matières de vidange bénéficient même depuis 1978 d'une circulaire, réactualisée en 1987, pour la réalisation de schémas départementaux d'élimination. Mais avec une réglementation à cheval entre déchets et eau, leur prise en compte est restée relativement timide - un département sur trois ou sur cinq selon les acteurs concernés. Un diagnostic confirmé par le dernier bilan dressé en 2002 par l'Ademe sur les Pedma, exception faite des boues d'épuration. Sur les schémas en cours, pas de formules toutes faites. La nature des déchets pris en compte varie selon le contexte local et leur annexion aux Pedma, qui garantit leur valeur juridique, n'est pas systématique. Seule leur logique reste identique. Il s'agit d'estimer les flux générés sur le département, de diagnostiquer les besoins et les solutions disponibles, de proposer les scénarios les plus efficaces pour créer de nouveaux exutoires. Et répondre à une forte attente des acteurs confrontés à leur gestion, collectivités gestionnaires de station d'épuration ou ayant mis en place des services publics d'assainissement non collectif (Spanc), entreprises d'assainissement et centres de traitement privés, tous demandeurs de structuration ou de création de filières. Pour Thomas Felon, responsable environnement et technique à la Fédération nationale des syndicats d'assainissement (FNSA), si leur principe est bénéfique, la prudence reste de mise. « Le risque avec une programmation départementale calquée sur les déchets ménagers, c'est de créer un système sclérosé qui élimine parfois des filières intéressantes sous prétexte qu'elles sont dans la mauvaise zone ou dans le département voisin. Or, sur les déchets d'assainissement, nous ne sommes pas dans une logique de collecte communale en porte-à-porte. Les tournées sont souvent à cheval sur plusieurs zones ou plusieurs départements et il faut permettre aux entreprises de privilégier les solutions de proximité sans créer de frontières artificielles. » Petit tour sur le terrain. Annexé en 2007 à son plan des déchets, le schéma d'élimination des matières de vidange et sous-produits de l'assainissement de l'Eure est désormais opérationnel. Après dix ans de préparation, la principale crainte d'Olivier Switala, responsable du projet au Satese 27, c'est que l'organisation ne tourne pas à plein régime. « Lorsque nous avons ouvert les premiers sites de dépotage réservés aux matières de vidange sur nos stations d'épuration en 1996, les vidangeurs ne venaient pas ; il a fallu les motiver. » À l'horizon 2015, l'Eure aura 17 step spécialisées sur les matières de vidange pour un gisement estimé à 50 000 m3/an. « Le schéma s'oriente sur un traitement de 80 % du gisement. C'est une estimation réaliste qui prend en compte le faible taux de collecte actuel (30 %) ». Autre incertitude pour la bonne marche du dispositif, la disparité des coûts de dépotage entre stations d'épuration - près de 10 euros/m3 dans les fourchettes hautes. « Même si le schéma oriente les vidangeurs vers les sites les plus proches de chez eux, on sait bien que le prix du traitement motivera également leur implication. » Le traitement des sables et des graisses sera mis en place uniquement sur les grosses stations, avec des coûts de traitement plus homogènes. Quoi qu'il en soit, le choix des exutoires reste toujours pour les prestataires de l'entretien un compromis entre les coûts de leur prestation, du traitement pratiqué et du transport associé, ce dernier ayant moins d'impact sur les sables et les graisses dont le traitement est plus élevé. L'Ardèche a élaboré il y a cinq ans un schéma consacré aux matières de vidange. Aujourd'hui, c'est un échec assumé. « L'initiative était venue de la police de l'eau pour lutter contre les déversements sauvages en rivière. Nous avions diagnostiqué que près de 80 % des matières de vidange n'avaient pas d'exutoire officiel. Dans le cadre du plan, nous avions estimé le besoin d'investissement à 3 millions d'euros et proposé à 25 step de s'équiper, mais les collectivités n'ont pas suivi, malgré les subventions proposées », explique Laure Haillet, responsable du projet au conseil général. En attendant que les contrats de rivières relaient ces objectifs, les matières de vidange collectées dans le département sont transportées par camions vers le Gard et la Drôme. Dans le Rhône, c'est une tout autre histoire. Le schéma, qui englobe tous les sous-produits, vient d'être validé par le comité technique. « Jusqu'à présent, le Grand Lyon nous dépannait avec la station de Pierre-Bénite, qui accueillait tous les déchets du département. Le schéma nous permet de sortir de ce scénario bancal en distribuant les flux à traiter par bassin versant », souligne Raphaël Youssoufian, du conseil général du Rhône. Dans les nouvelles orientations, toutes les filières - épandage pour les boues (3 900 t de matières sèches), neuf step équipées pour le traitement des matières de vidange (29 900 m3/an pour 368 000 € HT), huit unités de lavage et deux quais de transfert pour le sable (12 000 m3/an pour 1,2 Me HT) et huit step pour les graisses de prétraitement (11 500 m3/an pour 140 000 € HT) - sont destinées à fonctionner sur un rayon maximum de 30 km. Quant à la mise en oeuvre opérationnelle du schéma cette année, le responsable se montre confiant. « Les collectivités ont été intégrées au comité technique et les premiers retours sur les scénarios retenus sont positifs. En outre, l'ouverture du schéma à tous les déchets permet d'impliquer plus de monde. » En Haute-Savoie, même orientation. Dans ce département montagnard, le devenir des boues d'épuration est difficile depuis que l'épandage est limité par le développement des zones d'appellation d'origine contrôlé. « Notre objectif est de fournir aux collectivités une vision globale des solutions disponibles sur le département. Ce serait déjà bien que les acteurs apprennent à dialoguer d'une vallée à l'autre et à prendre en compte les besoins des voisins dans leurs projets », souligne Laurence Louis, qui pilote l'étude au conseil général.


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