Bien qu'en partie régénérables, les catalyseurs utilisés en pétrochimie posent un problème environnemental en fin de vie, car ils contiennent des hydrocarbures et des métaux sulfurés lixiviables et toxiques. Les catalyseurs Ni-Mo et Co-Mo (nickel-molybdène et cobalt-molybdène) sont valorisés depuis plusieurs années par pyrométallurgie directe, une technologie dont Afe-Valdi s'est fait une spécialité, produisant des alliages Fe-Ni-Mo ou Fe-Co-Mo. Mais ces catalyseurs ne constituent que 50 % du marché actuel.
D'autres familles (contenant du vanadium ou du tungstène) imposent des approches différentes. « Il n'y a pas de marché pour des alliages type NiMoV contenant ces autres métaux », confirme Lyonel Picard, directeur général délégué d'Afe-Valdi.
D'où le développement de Bashycat, un projet de 10 millions d'euros mené avec le soutien de l'Union européenne au titre du fonds Life. L'idée consiste à combiner hydro et pyrométallurgie. La première étape est une dissolution sélective du vanadium ou du tungstène. « Nous avons choisi la voie basique parce qu'elle est plus sélective », précise Lyonel Picard. Une fois le métal en solution, il est précipité avec du calcium sous forme de sels, qui trouvent des débouchés en fonderies et en aciéries. « Nos essais industriels sont très positifs : le rendement en métal est bon et les sels calciques se substituent à la chaux dans la formulation des laitiers », poursuit Lyonel Picard. Pour cette étape hydrométallurgique, AFE-Valdi s'appuie notamment sur la société L'Electrolyse (hydrométallurgiste connu pour ses activités de spécialité), dont l'usine n'est pas très éloignée du site de production de Valdi à Limoges. La société s'assure ainsi un potentiel de prétraitement hydrométallurgique de plusieurs milliers de tonnes, Afe-Valdi étant pour sa part capable de traiter jusqu'à 15 000 tonnes de catalyseurs. Si l'approche industrielle est validée, permettant une valorisation matière à 100 %, reste à gérer la question des coûts. Compte tenu de l'extrême volatilité du cours des matières premières, celui du traitement des catalyseurs l'est aussi. En période faste, Afe-Valdi peut payer le déchet. Mais en période de vaches maigres, comme actuellement, le procédé reste concurrentiel du stockage avec stabilisation en centres de classe 1, selon ses concepteurs.
Afe-Valdi n'est pas le seul à s'intéresser à ce marché. Eurodieuze (Sarp Industries, groupe Veolia Propreté), avec ses compétences en traitement hydrométallurgique des piles et accumulateurs, s'implique également. Elle s'est notamment penchée sur un autre gisement : les catalyseurs à basse teneur en vanadium (2 à 4 %), très chargés en sulfates, et qui n'ont pas d'autres solutions actuellement que la décharge. Veolia propose désormais une solution hydrométallurgique. « Notre procédé se distingue par sa double phase, acide et basique, qui permet d'extraire les sulfates et le vanadium, afin de valoriser in fine un concentré de vanadium à 30 ou 40 % », explique Pascal Muller, responsable de l'activité. En dépit de la chute des cours, l'approche reste compétitive avec la classe 1, mais la difficulté réside avant tout dans la reconnaissance de ce nouveau métier, encore largement ignoré des industriels. De ce fait, Pascal Muller a du mal à estimer le marché, lequel, avec quelques centaines de tonnes par an, reste
embryonnaire.