Créés en 1994 par Eco-Emballages pour humaniser le discours sur le tri des emballages ménagers, les ambassadeurs du tri ont trouvé leur place dans les collectivités. Aujourd'hui, plus de 2 000 ambassadeurs sillonnent les quartiers pour porter la bonne parole (sensibilisation en porte-à-porte, animation scolaire, suivi de la qualité du tri...). « Nous avons fixé la barre à 3 000 ambassadeurs en 2016, mais on ira au-delà, c'est sûr », estime Yann Menguy, chargé de communication locale chez Eco-Emballages. Mis en place cette année dans le cadre de son réagrément, le nouveau barème de financement de l'éco-organisme devrait donner plus d'autonomie aux collectivités qui les recrutent. Le curseur, jusqu'à présent fixé sur l'organisation de la communication de proximité, s'est déplacé sur la performance de la tonne triée. « Les conditions de soutien du barème E sont plus incitatives. Elles simplifieront même l'embauche d'ambassadeurs par les bailleurs sociaux qui devaient, jusqu'à présent, recourir à des conventions tripartites avec les collectivités », précise le responsable d'Eco-Emballages, qui prédit une hausse des recrutements par les offices HLM.
L'écoorganisme envisage même de créer sa propre équipe d'ambassadeurs « de la performance » pour agir en renfort des collectivités et les sensibiliser à l'intérêt du métier. À Vénissieux (69), une opération exceptionnelle menée avec le Grand Lyon, en octobre dernier, a permis de déployer vingt-huit ambassadeurs du tri à la rencontre de 60 000 habitants. Avec un résultat tangible. « Nous avons pu sensibiliser 65 % de la population en habitat majoritairement collectif et distribuer 15 000 sacs réutilisables pour le tri », précise Pierre-Alain Millet, adjoint à l'environnement à la mairie. Dans ce contexte, de nouvelles formations ont vu le jour en complément des six modules proposés par Eco-Emballages sur les missions liées au tri. L'Ademe leur destine, depuis l'année dernière, une formation à la prévention ; elle a enregistré entre 200 à 300 participants dès la première année. « Nous avons répondu à un besoin », juge Étienne Le Roy, à l'Ademe, en constatant que les collectivités élargissaient les missions de leurs ambassadeurs du tri vers la prévention. « Dans la communication de proximité, l'ouverture du dialogue est naturelle. Même si la fonction première des ambassadeurs, qui est d'améliorer le tri, et la marge de progrès en habitat vertical reste importante, ils sont amenés à répondre aux interrogations des usagers sur la gestion des déchets en général », admet Yann Menguy.
Le syndicat départemental Trivalis, qui assure la compétence traitement des déchets de vingt-quatre collectivités vendéennes (85), s'est doté, en 2008, d'une équipe permanente de deux ambassadrices du tri pour soutenir ses adhérents. Depuis, sept agents ont été recrutés en soutien sur des contrats d'accompagnement dans l'emploi et quatre d'entre eux intégrés à la fonction publique territoriale. « Le syndicat a choisi de soutenir des profils professionnels en difficulté », souligne Guillaume Poirier, coordinateur environnemental chez Trivalis qui pilote l'équipe d'ambassadeurs (organisation des interventions, suivi de leurs activités pour Eco-Emballages...). Car, sur le type de contrat, le niveau de compétences ou les formations requises, les collectivités ont toute liberté. « Le métier a été lancé sur des emplois jeunes type bac +2, assez vite intégrés dans la fonction publique, puis a évolué vers des contrats aidés de personnes sans qualification. Au final, il n'y a pas de profil type puisqu'il n'existe pas de formation diplômante à ce jour », analyse Laurence Bouret, directrice de Rudologia, le pôle national de compétence déchets. Absence de code Rome et de référentiel au Centre national de la fonction publique territoriale, le métier cherche ses lettres de noblesse. Eco-Emballages et Rudologia ont donc lancé une étude sur ses particularités pour créer le référentiel administratif qui lui manque. Mais pour les ambassadeurs déjà en place, l'avenir n'est pas figé. De l'expérience de Yann Menguy, « ambassadeur de tri, c'est même un vrai tremplin ». Avec des missions polyvalentes, des spécialisations possibles et des passerelles au sein des collectivités. Certains deviendront coordinateurs de tri et piloteront des équipes d'ambassadeurs, d'autres iront jusqu'à prendre la responsabilité de la collecte.