Fabricant de fibres synthétiques (aramide) anti-feu pour les vêtements de protection, l'entreprise Kermel à Colmar (Haut-Rhin) se penche aujourd'hui sur la récupération et la valorisation de ces vêtements en fin de vie. Dans le cadre du programme d'éco-conception Cim-Eco du pôle Fibres Grand Est et Textile Alsace, cofinancé par Oseo, deux études préalables ont validé leur recyclabilité sous forme de non-tissés et l'existence de débouchés industriels. Jusqu'à présent, les tenues usagées partent en enfouissement ou en incinération… pour une combustion difficile par définition, puisque résistants au feu. Kermel a choisi de cibler les tenues de pompiers. Cela représente environ 100 points de collecte en France pour un potentiel évalué entre 200 et 300 tonnes par an, dont une partie inutilisable car trop souillée. L'entreprise a acquis 96 conteneurs et propose aux soldats du feu d'en installer une première série de 24 sur des sites pilotes dans le Grand Est. Ces conteneurs sont semblables à ceux utilisés pour la collecte de vieux vêtements. Kermel discute par ailleurs avec Le Relais en vue d'un partenariat. Le démantèlement (retirer les éléments non textiles : boutons, fermetures, scratch…) serait assuré par des centres d'aide par le travail, puis le tissu effiloché par l'industrie textile. Un premier essai a été réalisé dans une usine vosgienne. « Les fibres effilochées pourront être commercialisées en l'état, ou transformées en des non-tissés de 80 à 1 200 grammes/m2 en vue d'un réemploi dans l'automobile (isolation thermique et acoustique sous capot), l'isolation ou la protection anti-feu dans le bâtiment et le ferroviaire, la protection de toiture, etc. » précise Christophe Richard, responsable développement des nouveaux marchés. Les chutes de tissu au stade de la confection seront également concernées. Cette filière est une première du genre. Dans un second temps, Ker-mel souhaite étendre la filière aux vêtements de la Police nationale et des Armées. Christian Robischon