Alimenter la chaîne, réguler les couches de produits pour en faciliter le tri, gérer les zones de stockage intermédiaires, créer des stocks tampons, convoyer automatiquement les produits triés vers la presse à balle : la circulation des matières se pose de différentes manières tout au long du process. Selon plusieurs experts, cette question n'est pas toujours suffisamment prise en compte. C'est l'avis en particulier de Thierry Oudart qui, après des années passées chez un industriel du recyclage et un constructeur de machines, a fondé Eurecka, un bureau d'études et de conseil (en région Champagne) pour les collectivités et fabricants de matériels. Il a réalisé pour l'Ademe l'étude sur « l'adaptabilité des centres de tri des déchets ménagers aux évolutions potentielles des collectes séparées », publiée en février 2013 (synthèse téléchargeable gratuitement sur www2.ademe.fr).
En termes de performances, Thierry Oudart estime que « la régulation du flux et le dimensionnement des équipements, quand ils sont bien maîtrisés, font gagner en moyenne entre 10 % à 20 % de capacité ». Plusieurs paramètres influent sur la circulation des matériaux et en premier lieu le dosage et la régulation des couches sur les convoyeurs. Trop de matières sur un tapis peut entraîner un blocage, voire un arrêt de la ligne ; pas assez ralentit la cadence. Ces fluctuations se traduiront au final par une baisse de la productivité. De la même manière, un tapis trop petit provoquera à coup sûr des accumulations de produits qui généreront à leur tour pertes de temps et problèmes de sécurité.
La régulation a également un impact quasi direct sur l'efficacité des machines de tri. C'est vrai pour les séparateurs mécaniques et pour les trieurs optiques, dont les performances sont très liées à la qualité de l'alimentation.
De nécessaires adaptations
Sur le tapis situé en amont d'un trieur optique, le flux doit idéalement être régulier, peu épais, monocouche. Les interfaces entre les convoyeurs et les machines et entre les différents systèmes de convoyage doivent être soignées pour éviter, par exemple, les chutes de produits aux points de jonction. Les principaux ensembliers présents sur le marché maîtrisent l'art et la manière d'associer tapis et machines entre eux et de dimensionner l'ensemble des équipements pour obtenir une circulation la plus fluide possible… « pour ce qui est du gisement actuel », nuancent cependant certains. Car il est difficile de mesurer précisément quel sera l'impact de l'arrivée des nouveaux matériaux, les pots, barquettes et films, en particulier dans les centres de tri de collectes sélectives. Des expérimentations sont en cours. Compte tenu de la densité de ces produits, globalement légers, et de la présence des films qui s'envolent, voire s'enroulent autour des machines, on sait que cela va générer une baisse des débits assez généralisée. Pour retrouver la bonne cadence, il faut en passer par d'inévitables adaptations (dimensionnement et réglages des machines). Tous les centres ne seront pas en capacité de s'adapter à l'horizon 2020, certains étant confrontés à des points bloquants au niveau du stockage ou du processus de tri, etc. (cf. L'étude sur l'adaptabilité précédemment citée). Pour les autres, le grand défiest d'évoluer tout en gardant une maîtrise des coûts. n