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Huiles usagées : La régénération gagne du terrain

PUBLIÉ LE 1er JUIN 2013
LA RÉDACTION
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Classées déchets dangereux, les huiles minérales usagées doivent être traitées dans des installations agréées. Les huiles noires (huiles moteurs et huiles industrielles dégradées) et les huiles claires (transmission, isolation, lubrification) disposent de deux filières de valorisation. La régénération permet de produire des huiles de base, dans le cas des huiles claires (plus de 10 000 tonnes/an) comme des huiles noires (108 600 tonnes traitées en 2011, dont 60 % en France, avant l'arrivée du second opérateur, Osilub). Les huiles noires peuvent également être valorisées énergétiquement (100 000 tonnes), essentiellement en cimenterie (54 %) et dans les usines de fabrication de chaux (24 %). Depuis 2011, la filière de valorisation des huiles noires usagées a subi plusieurs évolutions majeures. Ce fut d'abord la fin du régime d'indemnisation versée aux collecteurs d'huiles par l'Ademe le 1er  janvier 2011, qui a entraîné une forte augmentation du prix d'achat aux collecteurs. « Nous sommes passés à un système de marché classique d'un produit combustible, suivant la loi de l'offre et de la demande, souligne Laurent Fouquet, directeur partenariats et prospective chez Sita Spécialités. Les prix d'achat ont longtemps évolué autour de 40 euros la tonne sous le régime administré par l'Ademe, pour atteindre aujourd'hui un prix moyen de l'ordre de 230 euros la tonne. » Le marché de la collecte (48 prestataires agréés en France métropolitaine) est dominé par deux acteurs majeurs, Sevia (Veolia Propreté) et Chimirec, qui récupèrent à eux deux les trois quarts des volumes. 49 % des tonnages d'huiles noires collectés proviennent des garages automobiles, loin devant le secteur industriel (16 %) et les déchetteries (6 %). Au total, près des trois quarts des huiles usagées émises proviennent des applications automobiles. Second bouleversement, l'arrivée d'un nouvel opérateur en France sur le marché de la régénération à l'été 2012, Osilub, joint-venture de Veolia Propreté (via sa filiale Sarp Industries) et de Total. La capacité de traitement de 120 000 tonnes du site de Gonfreville l'Orcher en Seine-Maritime – pour un rendement de 70 à 80 % – porte celles de la régénération française à 245 000 tonnes autorisées avec les 125 000 tonnes d'Eco-Huile, filiale d'Aurea, également implantée en Seine-Maritime (Lillebonne), et seul opérateur sur ce créneau. Les régénérateurs peuvent bénéficier d'un dispositif de soutien versé par l'Ademe (20 euros/tonne la première année, dégressif jusqu'à 2 euros/tonne à N +6) à condition d'atteindre un rendement de 40 % dans la production d'huiles de base pour lubrifiants et d'être situés en France. La régénération permet de produire des huiles de base entrant dans la composition de nouveaux produits pétroliers et des lubrifiants. L'arrivée d'Osilub devrait favoriser la relocalisation des volumes d'huiles usagées qui prenaient la direction des six usines de régénération européennes importatrices d'huiles françaises, implantées en Allemagne (trois unités), Belgique, Espagne et Italie, soit 40 % du recyclage des huiles françaises en 2011 (44 000 tonnes). Elle entraînera également un basculement d'une partie des tonnages destinés jusqu'ici à la filière combustible. Valorisation énergétique en baisse Les huiles noires sont un excellent combustible : leur pouvoir calorifique est estimé à 90 % de celui du fioul lourd. Avant l'augmentation des capacités françaises de régénération des huiles noires, la valorisation énergétique représentait un peu moins de la moitié des volumes traités (48 %). Un chiffre qui diminuera dans les années à venir, compte tenu de la priorité qui devrait être donnée à la régénération. Premier acteur sur ce marché, Sita, qui a valorisé 35 000 tonnes en cimenterie l'an dernier (15 % des volumes collectés), soit environ 10 % de ce que Sita valorise en cimenterie.Sita Spécialités, la filiale de Sita, spécialisée dans la valorisation et le traitement des déchets industriels, vend des huiles usagées à un réseau de cimenteries, qui ont des besoins spécifiques pour la préparation de leur combustible. En effet, les huiles usagées se substituent à des produits liquides de type fioul, de moins en moins utilisés par les cimenteries qui fonctionnent avec du coke de pétrole ou du charbon. Ces derniers ne sont pas remplacés par des huiles mais par d'autres déchets dangereux (solvants, solides énergétiques) ou non dangereux (CSR, pneus, RBA). « Les besoins des cimenteries en huiles ont donc forcément diminué depuis dix ans, quand on passait plus de 100 000 tonnes par an dans les fours, explique Laurent Fouquet. Mais, on estime que les prix et la répartition des volumes entre les différents acteurs vont se stabiliser après la montée en régime d'Osilub. » Sita table sur une stabilisation de ses volumes autour de 30 000 à 35 000 tonnes annuelles. La valorisation énergétique en cimenterie ne nécessite pas de préparation particulière. Une fois les huiles récupérées chez les collecteurs, elles sont vendues et livrées directement aux usines. « Chaque lot est analysé avant l'enlèvement, précise Laurent Fouquet. Nous contrôlons surtout la teneur réglementaire en PCB et, éventuellement, le pourcentage d'eau afin d'indiquer au collecteur qu'il a pompé trop d'eau dans ses cuves. » Huiles claires, huiles à haute valeur Le travail de régénération des huiles industrielles claires met en œuvre des procédés physico-chimiques pour produire des matières premières secondaires. Quelques spécialistes – Chimirec PPM, CILA, SHL, Veolia Propreté – disposent d'outils industriels pour reformuler des produits utilisés et fournir des produits de base en boucle ouverte ou dans le cadre d'un travail à façon. Il s'agit d'huiles peu dégradées utilisées dans la transmission hydraulique, la lubrification de turbines, l'isolation dans les transformateurs électriques, la chimie, la mécanique, etc. Le gisement total d'huiles claires usagées est estimé à 75 000 tonnes, dont une large part est déjà retraitée en interne par les gros producteurs industriels. Compte tenu de leur faible niveau de dégradation et d'une valeur marchande intéressante après régénération, les prix de reprise sont plus élevés que ceux des huiles noires. Selon la qualité du déchet, ils s'échelonnent entre 300 et 450 euros la tonne. « Le marché s'appuie sur des mercuriales, il est fortement lié au principe de l'offre et de la demande », souligne Sylvie Magistrali, directrice du site Chimirec PPM de La Roche-Clermault (Indre-et-Loire), qui a traité 7 500 tonnes d'huiles claires en 2012 (contre 9 000 tonnes en 2011), avec l'autre site spécialisé du groupe, implanté à Dugny. Les régénérateurs sont aujourd'hui capables de produire des huiles dont les caractéristiques s'approchent des produits neufs, mais doivent aussi veiller à rester compétitifs, car l'optimisation des process a un coût. Et il faut tenir compte de la décote par rapport au produit neuf. « Le prix des huiles neuves varie de 1 000 euros la tonne pour une huile de base simple à 2000 euros pour des huiles hydrauliques plus fortement additivées », précise Vincent Dereux, directeur général de Cila (autorisé à traiter 2 500 tonnes par an à Aulnoye-Aymeries dans le Nord). « Pour une huile de base régénérée, il faut compter aujourd'hui 500 à 800 euros la tonne selon la qualité du produit entrant et la demande du client aval. » « Les cours fluctuent beaucoup, nous devons donc surveiller nos coûts de production quand nous achetons les déchets, pour obtenir une huile régénérée à 70 % du prix du neuf environ », ajoute Sylvie Magistrali. Et Malik Yahi, directeur de SHL à Gondecourt dans le Nord (groupe ARF), adepte du travail à façon (TAF), de confirmer : « On essaie de ne pas dépasser 65 à 70 % de la valeur d'un produit neuf. » Avant d'accepter les déchets, les opérateurs valident les huiles usagées qu'ils vont s'engager à traiter : code déchet conforme à leurs obligations réglementaires, teneur en PCB inférieure à 50 ppm, analyse d'un échantillon pour vérifier la couleur, la viscosité et la teneur en eau. Une fois entrées sur le site du régénérateur, les huiles vont passer par différentes étapes de filtration et de manipulations physico-chimiques. Filtration et déshydratation Chimirec PPM met en œuvre des phases de filtrations et de déshydratation des huiles : « Un nouvel équipement installé en 2012 nous a permis de doubler le débit de production et de diminuer la consommation électrique par la mise en place d'échangeurs thermiques », détaille Sylvie Magistrali. Une nouvelle filtration peut ensuite être opérée en fonction du cahier des charges des clients, ainsi que des opérations de décoloration ou d'ajustement de la viscosité sur des huiles trop fluides. « Certains clients réclament aussi des teneurs en eau plus basses, nous pouvons descendre aujourd'hui à 70 ppm d'eau. » Chez Cila, après des étapes d'évaporation et de condensation de l'eau, « le traitement repose essentiellement sur la filtration des particules avant additivation selon les demandes du client », explique Vincent Dereux. De son côté, SHL valorise 5 000 à 6 000 tonnes d'huiles minérales régénérables par an. « Notre activité repose uniquement sur du travail à façon, un peu comme dans le domaine de la régénération des solvants », note Malik Yahi. Les clients confient leurs produits à l'opérateur, qui met en œuvre un traitement physico-chimique, dépollution, reformulation, afin de restituer un produit ayant des caractéristiques techniques similaires au produit d'origine. « La valeur ajoutée de SHL c'est l'épuration physico-chimique des huiles claires et des fluides caloporteurs, un produit plus technique dont l'entreprise s'est fait une spécialité. » Le travail à façon reste minoritaire chez Chimirec PPM (moins de 20 %) comme chez Cila. Huiles de base pour la lubrification et le BTP Les huiles régénérées alimentent essentiellement deux filières en aval. Le secteur du bâtiment utilise des huiles de base relativement fluides pour le décoffrage du béton, l'autre débouché majeur se trouve dans la lubrification des chaînes de tronçonneuses (viscosité plus élevée), deux applications pour lesquelles l'huile de base peut être réadditivée par les industriels utilisateurs. Des actions de recherche visant à améliorer la qualité des produits en sortie de process de régénération sont menées par les recycleurs mais « il ne faut pas oublier que les huiles régénérées restent dans la catégorie déchets », rappelle Chimirec PPM. « Notre huile de base restera ambrée du fait de son utilisation première, précise Vincent Dereux, la difficulté de notre travail est de proposer un produit stable à partir de déchets de provenances différentes et de séduire le client aval avec un produit de qualité, ce qui demande un travail plus complexe que la valorisation énergétique. » Et les utilisateurs d'huiles régénérées réclament de plus en plus de qualité pour les produits recyclés. « Nous essayons d'améliorer notre process pour déshydrater les huiles synthétiques fortement additivées afin de livrer des huiles de base, mais tout cela a un coût », avertit Sylvie Magistrali. Si le recours à la régénération apparaît comme une solution optimale du point de vue de l'environnement, tant pour les huiles claires que les huiles noires, les conditions techniques et économiques de la filière, de la collecte au recyclage, doivent permettre de soutenir cette orientation. Les exigences de qualité sur les produits valorisés dans le cas des huiles claires, qui obligent les régénérateurs à optimiser leurs process, donc à investir régulièrement, et la concurrence qui se met en place sur le secteur des huiles noires, devront être observées dans les prochains mois.
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