Selon différentes sources, la biomasse (soit l'ensemble des matières d'origine végétale, fongique et animale qui peuvent devenir source d'énergie) représente actuellement près des deux tiers de l'énergie produite à partir de sources renouvelables. Et à lui seul, le bois énergie assure près de 45 % de la production. D'ici à 2020, la France compte atteindre 23 % d'énergies renouvelables dans sa consommation d'énergie finale. Un objectif ambitieux où la biomasse va jouer un rôle important. Aujourd'hui, la principale source de bois énergie provient des travaux d'entretien de la forêt (bois d'éclaircies et résidus de coupes) dont la valorisation sous forme de combustibles ne pose aucun problème d'ordre réglementaire. En revanche, les réflexions se poursuivent entre l'État et les représentants de la filière bois quant à la valorisation des bois de classe A (panneaux, bois d'ameublement, palettes propres contenant peu d'adjuvants) dont l'utilisation sous forme de combustible était jusqu'alors bien développée et ceux de classe B (bois de rebut souillés ou traités, chargés en peinture, sol-vant et vernis). « L'évolution de la réglementation risque d'accroître la complexité de montage des dossiers et les coûts afférents, de sorte que l'utilisation du “bois B” comme source d'énergie deviendra quasiment impossible et qu'une grande partie des bois de classe A ne pourra plus être assimilée à de la biomasse », soulignaient dès fin 2012, sur Pollutec, Federec Palettes et Bois et le centre technique FCBA lors d'une conférence commune.
Les déchiqueteuses (ou broyeurs à plaquettes) sont des machines à couteaux parfaitement adaptées à la transformation des sous-produits forestiers en combustibles.
S'adapter à la diversification des pratiques
Pour les différents distributeurs et fabricants de matériels, la construction de chaufferies industrielles (projets CRE et Fonds chaleur) a un impact direct sur leur vente. Parmi eux, le constructeur allemand Doppstadt, dont la société W41TP est l'importateur exclusif pour la France des unités fixes et mobiles de broyage et de criblage. « Très actif sur le bois énergie, Doppstadt a récemment sorti une nouvelle déchiqueteuse, la DH 812, une machine autonome sur tracteur agricole venue enrichir la famille des déchiqueteuses déjà présente dans notre offre », résume Pascal Labé, responsable commercial de W41TP. Le groupement de forestiers Béma, en Pays de la Loire, créé en 2007 pour sécuriser et optimiser la filière bois énergie sur ce secteur, ainsi que l'entreprise Biocombustibles en Normandie, ont investi dans des déchiqueteuses DH de ce fabricant.
Les déchiqueteuses Chippo, du fabricant autrichien Komptech, distribuées en France par la société alsacienne Hantsch – spécialiste reconnu de solutions dans les domaines du compostage, de la biomasse et du bois énergie – sont également prisées. « L'objectif du déchiquetage est la réalisation d'un combustible biomasse conforme à un cahier des charges. La qualité des plaquettes reste donc un point essentiel », insiste Christophe Hantsch, dirigeant de la société. La qualité ? « Cela signifie une plaquette homogène, sans trop de fines (particules < 2 mm) », qui, à un taux important, augmentent le pourcentage de poussières émises dans les fumées et peuvent engendrer des dysfonctionnements de la chaudière (encrassage des tubes, difficultés de régulation, etc.).
Vers des plaquettes plus grossières
Pour Christophe Hantsch, « l'une des fortes tendances est la demande de plaquettes plutôt grossières, car les chaudières industrielles ont la capacité d'accepter des morceaux de bois plus importants, de 100 à 150 mm. Les machines ont donc dû s'adapter à ces nouvelles attentes car, tous les professionnels en conviennent, fabriquer de grosses plaquettes n'est pas plus simple que d'en faire des petites. L'un des atouts de la technologie Chippo est de pouvoir produire de plus grosses plaquettes par un simple réglage des couteaux sur le diamètre du rotor ».
Le constructeur allemand Jenz, distribué en France par Noremat, près de Nancy (54), qui fabrique aussi des matériels d'entretien pour les accotements routiers, affiche à son catalogue une gamme étoffée de déchiqueteuses. « Les machines Noremat Valormax D Jenz vont d'un diamètre admissible de 36 mm jusqu'à 1 m, pour des puissances allant de 150 à 780 chevaux, avec des rendements de 60 à 350 m3 par heure », synthétise Christophe Mazoyer, chef de gamme valorisation chez Noremat. Ces machines peuvent être montées sur châssis agricoles, routiers, Ampliroll, camions, avec ou sans grue de chargement. Très dynamique sur ce segment, Jenz a sorti en six ans quatre nouveaux modèles de déchiqueteuses. « On arrive à faire tous les types de plaquettes pour toutes tailles de chaufferies », explique Christophe Mazoyer, qui constate une demande en hausse pour les grosses plaquettes « même si le phénomène n'est pas énorme et qu'il y a toujours un marché pour la petite chaufferie ». Pièces maîtresses de la valorisation des déchets bois, les broyeurs sont lents (le rotor tourne de 30 à 40 tours par minute) ou rapides (plus de 500 tours par minute et jusqu'à 2 000 tours). Le processus de traitement (nombre d'étapes de broyage, type de machines, etc.) est déterminé par la nature et le devenir du déchet. Les machines évoluent pour répondre aux nouvelles pratiques telles que la valorisation sur un même site de plusieurs types de matériaux. « Le broyeur Valormax A 72-150 fabriqué par Jenz traite aussi bien du bois que des déchets verts », indique Christophe Mazoyer qui a déjà vendu plusieurs de ces machines sur lesquelles « on peut monter à la fois des marteaux mobiles pour l'application compostage et des outils fixes, avec des lames tournant à une vitesse réduite pour le bois. On parvient ainsi à réaliser des coupes franches, ce qui permet de mieux le trier que s'il était broyé en mélange. »
De nouveaux produits chez les constructeurs
Pour optimiser les coûts de broyage (réduction de 35 % par rapport à un broyeur rapide) et gagner en productivité, Doppstadt a fait évoluer ses broyeurs lents. Son modèle DW 3060 BP – aux applications multiples – permet sur certains sites de se dispenser d'un broyeur rapide.
Côté nouvelles machines, Christophe Hantsch annonce la sortie prochaine chez Komptech d'un petit Axtor de 500 à 600 chevaux « plus accessible en termes de coûts et qui ne sera plus réservé à de très gros faiseurs ». Pour rappel, il y a deux ans, Komptech lançait l'Axtor. Il s'agit d'un broyeur rapide destiné aux exploitants de plateformes biomasse de plus de 30 000 tonnes à 50 000 tonnes par an ou pour la prestation de services, qui offre deux modes de réduc-tion : broyage pour compos-tage et déchiquetage pour plaquettes. Autre nouveauté du côté de Willibald, également distribué par Hantsch : l'UH Multicut, un broyeur semi-rapide d'une puissance de 400 à 500 chevaux. « Une première machine a déjà été installée dans la Drôme, pour la fabrication de biomasse destinée aux grosses chaudières industrielles », indique Christophe Hantsch.