L’acier est omniprésent dans nos immeubles, nos voitures, notre électroménager, nos ponts, nos rails. Il façonne le monde moderne. Et il pèse aussi très lourd sur le climat : si on inclut l’extraction du minerai, l’industrie sidérurgique représente environ 10 % des émissions mondiales de CO2 fossile (source France Stratégie – janvier 2025). Un chiffre qui donne le vertige. Et pourtant, des solutions simples existent pour le rendre plus propre, à commencer par le recyclage.
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Recycler l’acier est le lot quotidien de nombreux centres de collecte, de tri et de recyclage qui maillent nos territoires. Une tonne de ferraille réutilisée permet d’éviter en moyenne 1,6 tonne de CO₂, soit 4 fois moins qu’avec un acier traditionnel. Et cela sans perte de qualité. On estime qu’en France, environ 11 millions de tonnes d’acier recyclé sont produites chaque année. C’est autant d’émissions qu’on peut éviter… si la demande suit.
Un nutro-score … pour l’acier vert ?
Car c’est là que le bât blesse : si les Français trient volontiers leurs canettes ou grille-pain en fin de vie, peu savent que l’acier qui en est extrait est réutilisable à l’infini. Et encore moins exigent de l’acier recyclé pour leurs achats. Qui se demande si le garde-corps de son balcon ou les rails du tramway sont issus de ferraille revalorisée ? Qui sait dans quelle proportion un produit est vertueux ?
Pour faire bouger les lignes, l’information du consommateur devient fondamentale. Un système comme le Nutri-Score dans l’alimentaire pourrait indiquer le taux de matière recyclée dans un produit. Facile à lire, facile à comparer. Ce serait une incitation douce mais puissante vers un achat plus responsable.
Du côté des pouvoirs publics, ils pourraient aussi imaginer fixer un seuil minimal de matière recyclée dans certains types de produits - à condition, bien sûr, d’appliquer ces règles à tous les produits, y compris importés. Mais dans l’idéal, pour accompagner et non contraindre, rien ne vaudrait mieux qu’un marché dynamique où les citoyens et les industriels avanceraient main dans la main.
Encore faut-il préserver la chaîne du recyclage. Car certaines décisions pourraient fragiliser tout l’écosystème. La Commission européenne – dans son Plan d’action sur l’acier et les métaux de mars 2025 - envisage en effet de limiter les exportations d’acier recyclé hors UE d’ici au troisième trimestre 2025. En théorie, cela semble logique : garder la matière en Europe. Mais en pratique, la demande industrielle intérieure reste trop faible. Résultat : 16 % de la production française part à l’export. Si ces débouchés disparaissent sans que le marché intérieur prenne le relais, les prix chuteront, mettant en péril l’équilibre économique des recycleurs. Ce serait un comble : asphyxier la filière du recyclage en France alors que c’est le premier maillon vers la transition écologique !
Le recyclage de l’acier est l’un des piliers les plus simples, concrets et efficaces pour réduire nos émissions polluantes. Il ne demande pas de rupture technologique, juste un peu de cohérence entre l’offre et la demande, et une mobilisation collective. Alors, si on veut vraiment verdir l’économie, pourquoi ne pas commencer par le métal qui la soutient ?