Après quatre ans de recherche et développement pour caractériser ses déchets et évaluer les expériences étrangères, Bourgogne Recyclage a cassé sa tirelire. L'entreprise familiale a investi 6,5 millions d'euros sur son site historique de Travoisy (Côte-d'Or) pour construire une unité de production de combustibles solides de récupération (CSR). Inaugurée mi-octobre, l'installation conçue par l'ensemblier Aktid fonctionne depuis juillet sans mauvaise surprise. Elle devrait rapidement trouver son rythme de croisière pour valoriser 42 000 tonnes de déchets non recyclables par an: encombrants captés en déchetterie, refus de centres de tri, déchets industriels. L'entreprise ne devrait pas avoir de difficulté à trouver ce gisement. Elle envoyait jusque-là 60 000 t/an de déchets en incinération ou en enfouissement. Côté production, l'installation valorise 70 % des déchets incorporés dans le process, un chiffre qui pourra augmenter grâce à des technologies complémentaires de tri optique, par exemple. La société RSG accompagne Bourgogne Recyclage dans le suivi qualité du CSR. La matière est pour le moment vendue pour moitié en Allemagne, pour moitié aux cimentiers et exploitants de four à chaux français, le tout dans un rayon de 300 km. « Si un jour, le combustible de qualité homologuée changeait de statut, pourquoi ne pas imaginer fournir la chaufferie de notre commune ? », s'enthousiasme Pascal Secula, dirigeant de la société. La diversification des débouchés aurait en outre l'intérêt de donner une valeur à une matière bon marché. Pour ce, « il faudra déjà que l'on crée une nomenclature ICPE pour les chaudières qui brûlent du CSR », note Jean-Philippe Carpentier. Le président de Federec insiste sur l'ampleur de l'enjeu : pour limiter leur consommation d'énergie fossile, « les cimentiers ont besoin d'un million de tonnes de CSR. Le potentiel global est de 2 millions ».