Les bois de chantier représenteraient en Europe 30 millions de tonnes par an, soit la deuxième ressource potentielle après la forêt. Rien qu'en France, avec la création d'une nouvelle filière pour les DEA, on estime le gisement à plus de 40 millions de tonnes, dont 75 % constitués de bois. Demowood a mobilisé un montant total de 1,8 million d'euros, dont une aide publique de 900 000 euros. En France, les partenaires engagés dans ce projet étaient le FCBA, le CTP, Sita, Veolia et Norske Skog Golbey. Des travaux ont permis de classifier les différents gisements disponibles, selon leur caractérisation chimique (bois usagé propre, bois usagé dangereux, bois non dangereux). Même si les réglementations sur la valorisation diffèrent d'un pays à l'autre – la France favorise le recyclage alors que l'Allemagne restreint l'emploi de bois usagé dans le panneau et privilégie la valorisation énergétique, comme la Finlande qui mise à 100 % sur la cogénération –, le projet a montré que d'autres choix étaient possibles, tenant compte de l'impact environnemental et économique. L'étude s'est penchée sur les procédés de traitement en vue d'améliorer le tri des bois usagés et, en particulier, capables de détecter les contaminants chimiques et les métaux lourds (CCA, créosote, peintures, vernis, etc.). En Allemagne, des tests ont été réalisés avec le procédé proche infrarouge à l'échelle d'un pilote de laboratoire pour détecter les colles, les bois massifs, les bois peints et enduits, les bois traités… D'autres techniques comme la fluorescence X s'avèrent aussi prometteuses pour détecter les métaux lourds. Le seul frein est le coût d'investissement au regard de la viabilité d'une filière de recyclage. Si l'industrie du panneau intègre depuis longtemps du bois recyclé (de 30 à 40 % environ en France et jusqu'à 100 % en Italie), le projet a pu réexaminer les impacts qualitatifs et écologiques d'une telle réutilisation.
Pistes en papeterie
Par ailleurs, une expérience a été menée par le CTP (Centre technique du papier) et le papetier Norske Skog pour intégrer du bois d'emballage, de mobilier et de déconstruction dans la fabrication de pâte mécanique. Des essais ont été réalisés à partir de bois de fenêtre mélangé à du bois frais, puis à base de bois de palette. Premiers enseignements : l'emploi de recyclé n'altère guère les propriétés mécaniques de la pâte ni son empreinte énergétique. Toutefois, des impacts sur la qualité de la blancheur du papier ont été observés (formation de points noirs avec l'emploi de bois traité) et n'ont pu être réduits malgré l'ajout supplémentaire d'agents de blanchiment. Ces essais démontrent, selon le CTP, que cette voie de valorisation mérite d'être creusée en ciblant certaines sortes de papier. Le papier journal, par exemple, pourrait intégrer jusqu'à 10 % de bois de palette avec une économie estimée à 10 euros par tonne. Aujourd'hui, les partenaires du projet sont en mesure de proposer un dispositif de classification des bois (DW0 pour les plus propres à DW4 pour les plus dangereux) en fonction des applications industrielles envisagées, l'idée étant que dans chaque pays, ce projet contribue à une évolution des réglementations et à une harmonisation européenne relative à la valorisation énergétique. Demowood s'est arrêté, mais Carewood a déjà pris le relais jusqu'en 2017. Ce projet, coordonné par l'université technologique de Munich, approfondira les données sur les gisements issus de l'emballage, du mobilier, du BTP et des transports et se penchera sur les nouvelles solutions industrielles valorisant ces bois usagés. Il regroupe dix-sept partenaires de cinq pays européens (l'Autriche, la Finlande, l'Allemagne, la France et la Slovénie).