Un agent de centre de tri se pique avec un déchet d'activités de soins à risques infectieux (dasri) pour la sixième fois, le jour où une visite médicale devait préparer l'arrêt de sa trithérapie engagée suite à une précédente piqûre. Ce même accident, survenu au Smic-val du Libournais en Haute-Gironde, a récemment provoqué une grève du personnel. « Avec 25 faits de piqûre en cinq ans sur notre chaîne de tri, et au-delà du risque médical, une forte pression psychologique s'exerce sur les agents », souligne Éric Buffo, directeur général adjoint exploitation et développement du Smicval. Le syndicat a investi 300 000 euros dans un crible visant à écarter ces dasri des process. Il a par ailleurs identifié des volumes notables provenant de professionnels de santé, et a engagé des procédures en justice. Cas isolé ou répandu ? Difficile de le dire. Le phénomène n'est pas nouveau. Mais la montée en puissance de la filière REP devrait logiquement conduire à sa résorption. « Nous sommes en phase transitoire, avec des opérations de communication encore insuffisantes », analyse Nicolas Roussat, responsable du pôle déchets d'Amorce, qui constate encore régulièrement des accidents. « C'est un risque fréquent, principalement en centres de tri d'emballages ménagers, et qui peut aussi survenir dans les centres de déchets d'activités économiques », confirme Vincent Le Blan, délégué général de la Fnade. De plus, « nous pensons que la filière est plutôt bien déployée, mais que le réseau doit se densifier, en particulier dans la région parisienne, moins bien dotée que d'autres territoires, ajoute-t-il. Ce sera un point à soulever à l'occasion du prochain agrément ». Avec un autre sujet à étudier, celui de la couleur des « boîtes à aiguilles », jaunes comme la plupart des bacs de tri, ce qui peut porter à confusion, selon plusieurs parties prenantes. L'éco-organisme Dastri, créé en 2012 sous forme d'association, affichait, fin 2014, un taux de captage de 40 % des quantités mises sur le marché. Son périmètre couvre uniquement dix types de piquants, coupants, tranchants, produits par les patients en autotraitement. Le circuit de collecte des boîtes comprend aujourd'hui 11 500 pharmacies (soit une sur deux, selon Dastri) et 1 000 déchetteries. L'éco-organisme travaille notamment à fiabiliser le niveau de remplissage de ces boîtes, afin de garantir leur fermeture correcte et d'éviter ainsi qu'elles ne s'ouvrent lorsqu'elles sont manipulées. La Fnade, de son côté, est active dans le domaine de la sécurité. Cela va de l'ergonomie des équipements (guide INRS, norme NF X35-702) à la formation des agents, en les incitant à porter des gants antipiqûre ou à mettre en œuvre les consignes d'arrêt de la chaîne de tri dès qu'une seringue apparaît.