Les centres de tri simplifié sont destinés à absorber les volumes de collecte sélective de 20 à 30 % de la population située en zone peu peuplée. Ils produiraient notamment un flux de plastiques rigides en mélange, composé des bouteilles, pots et barquettes. Ces balles contiendraient donc des résines variées : PP, PE, PET, du PS et ses déclinaisons (PS expansé ou semi-expansé), complexe PET-PE, etc. « Or, il n'existe encore aucune structure capable de trier ce mélange en France », note Jean-Philippe Carpentier, président de Federec . Dans son plan de relance du recyclage des plastiques, Eco-Emballages propose de soutenir la création de telles unités de surtri. Reste à consentir les investissements, et, par conséquent, à estimer leur rentabilité. Laquelle repose sur une valeur élevée du PET et du PEHD, qui compenserait la faiblesse de celle des autres résines. Un choix qui ne ravit pas tous les acteurs du secteur. « Le modèle économique des flux de pots et de barquettes n'est pas bon : ces matières ont un coût négatif », regrette Sébastien Petithuguenin, directeur général adjoint de Paprec en charge du plastique, qui aurait préféré que le centre de tri préserve la valeur ajoutée du flux actuel. Avec, en sortie, un mélange de bouteilles et flacons (donc PET et PEHD) et un autre de pots et barquettes, qui seraient envoyés en surtri.
Mais Eco-Emballages n'a pas choisi ce schéma. Pour les régénérateurs, qui ont déjà investi dans des outils de tri, impossible d'accepter plus de 5 % de pollution du flux de PET et de PEHD. « Trier un flux de plastiques rigides en mélange va nécessiter de nouveaux investissements », conclut Sébastien Petithuguenin. Reste que ces unités de surtri seront en contact direct avec les recycleurs, et donc en mesure de répondre précisément à leurs cahiers des charges.
L'appel à projets d'Eco-Emballages offre deux options. D'une part, la création, ex nihilo, d'une unité d'une capacité minimale de 15 000 t/an, qui permettrait d'atteindre un coût de la tonne triée de 21 euros. « Nous étudions cette possibilité avec d'autres régénérateurs, afin de répondre conjointement », avoue, du bout des lèvres, Pierre Blanc, patron du Comptoir des plastiques de l'Ain. Et, d'autre part, pour démarrer rapidement (dès fin 2015, ou en janvier 2016), l'intégration de lignes de surtri dans des unités existantes. Plusieurs acteurs semblent se positionner sur ce volet. Paprec a ainsi prévu d'adapter son centre de tri de la collecte sélective de Toulouse. « L'idée est d'utiliser les équipements de tri optique pour sur-trier les résines plastiques, grâce à une programmation différente des machines », indique Sébastien Petithuguenin. Dans le Val-d'Oise, le Sigidurs projette la même technique sur son futur centre de tri de la collecte sélective. l