Au cœur de cette mutation, se trouvent les PME et les TPE de la métallurgie (commodités et métaux high-tech), de la transformation et du recyclage. Dans l'Hexagone, la fabrication de métal primaire voit ses volumes produits se réduire comme peau de chagrin, qu'il s'agisse de l'aluminium, du chrome, du nickel, du zinc, du zirconium ou de l'or. La transformation des métaux, bien que représentée par de nombreuses entreprises de pointe et un savoir-faire reconnu à l'échelle mondiale, doit nécessairement évoluer pour ne pas disparaître du paysage industriel français. L'étude menée par les cabinets de conseil Sofred et Erdyn avait trois objectifs : dresser un état des lieux, identifier les opportunités et les menaces, préconiser des leviers d'action. Aujourd'hui, l'industrie française se heurte à la concurrence d'autres pays disposant d'armes réglementaires, énergétiques et économiques inégales. Les dispositions législatives sur l'environnement et le social contraignent les entreprises à investir beaucoup d'argent, contrairement à leurs concurrents internationaux. « Comment rivaliser avec un pays comme la Chine qui peut émettre 15 tonnes de CO 2 pour produire une tonne d'aluminium alors que la France n'en émet qu'à peine deux tonnes ? Nous bénéficions d'un mix énergétique favorable, mais nous ne pouvons pas l'utiliser comme une arme commerciale » déplore Jean-Paul Aghetti, directeur énergie Europe, Afrique et Moyen-Orient de Rio Tinto Alcan. Pourtant, ce ne sont pas les atouts qui manquent en France pour cette industrie : des applications à haute valeur ajoutée dans l'automobile et l'aéronautique ; la présence de gisements de déchets sous-exploités, ou la mise à disposition de financements publics pour développer l'innovation.
Limiter l'exportation des déchets
Mais sur le terrain, on voit bien que les entreprises ont du mal à en profiter. « Les industriels ne sont pas aidés dans leur démarche administrative. On veut bien répondre aux appels à projets mais la PME n'a pas le temps de remplir des dossiers de candidature de 90 pages à chaque fois », déplore le directeur des achats chez Socomec. Parmi les menaces, l'étude mentionne en premier lieu la dépendance aux importations. Cette situation pourrait facilement s'inverser si l'accès aux gisements de déchets entre autres, était facilité et si on limitait l'exportation de certains matériaux collectés sur le territoire. La lutte contre les trafics illégaux doit également se renforcer. Face ces constats, l'étude Pipame présente 11 recommandations pour remettre cette industrie sur les rails. Entre autres : la sauvegarde des entreprises « pépites », la sécurisation des approvisionnements, la disponibilité des matières issues du recyclage. Sur ce volet, l'étude préconise de renforcer la logistique de récupération des chutes de production et des produits en fin de vie, de favoriser les travaux d'écoconception des produits intégrant des non-ferreux, de limiter les exportations légales et de lutter contre les trafics. Au fil des années, les difficultés pour obtenir les financements bancaires, associées à des coûts énergétiques et fiscaux croissants, ont conduit à une perte de compétitivité. Et une stagnation de la métallurgie française depuis une trentaine d'années.