Ayant choisi comme sous-titre « Pour qui sonne le glas ? », la bible française des matières premières s'attaque à plusieurs événements préjudiciables qui ont marqué 2014 et qui risquent de se poursuivre en 2015. A commencer par la chute du cours du pétrole et ses conséquences négatives sur la transition énergétique et le recul des prix de l'ensemble des matières premières. En 2014, le glas a donc sonné, selon Philippe Chalmin et son équipe éditoriale de quelque 60 experts, pour les pays émergents ayant cru au début du 21e siècle à un vrai développement. L'état actuel des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) laisse une décennie plus tard, penser le contraire (forte récession au Brésil et dans les pays alentours, problèmes économiques en Russie, ralentissement de la Chine, inexistence de l'Afrique du Sud…). Le glas sonne aussi sur la géopolitique marquée par des conflits aux quatre coins du monde (Ukraine, Proche et Moyen-Orient, Afrique avec Ebola), et souvent liés d'ailleurs aux ressources (pétrole, gaz, mines). Ce qui fait dire à Philippe Chalmin que « la quête des ressources naturelles, synonyme de croissance mondiale est désormais un concept révolu ». Enfin, le glas sonne sur la gouvernance internationale, incapable depuis des décennies de trouver un terrain d'entente tant au niveau du réchauffement climatique que sur le plan des règles commerciales. Cette situation n'a rien de rassurant explique l'ouvrage, pointant du doigt les fluctuations de prix sur l'ensemble des commodities. Difficile ici de tout résumer ; contentons-nous de cibler certaines matières recyclées. Au chapitre des papiers récupérés, l'année 2014 a été agitée. Alors que la Chine poursuit sa longue marche vers l'indépendance de sa consommation, l'industrie des PCR (papiers cartons récupérés) doit rechercher des débouchés vers les nouvelles régions en croissance. Sur le marché mondial des métaux, celui des ferrailles est à surveiller de près tant il a été chahuté ces derniers mois par la baisse du prix du minerai de fer. A côté des métaux de base, l'entrée remarquée au Cyclope des petits métaux, dont le rôle dans les industries de haute technologique ne fait que croître, revient à la première contribution de Patrice Christmann, directeur de la stratégie scientifique au BRGM. Ce géologue de formation prend le temps de décortiquer chacun d'entre eux. Le béryllium, le bismuth, le cobalt ou encore l'indium représentent des enjeux industriels, économiques et politiques. Si Bruxelles a compris qu'il faut les préserver en recyclant plus nos déchets et en investissant dans la R&D pour développer de nouvelles techniques de valorisation des équipements électroniques, reste que les objectifs fixés ne sont pas en adéquation, selon Patrice Christmann. « La directive déchets révisée table sur des objectifs quantitatifs. Or l'enjeu porte sur des matières spécifiques qu'il va falloir aller chercher. Hormis l'or ou l'argent, les petits métaux représentent mois de 1 % des matières utilisées dans nos appareils électroniques. Pourtant, le défi porte sur cette capacité technologique à récupérer des fractions infimes de tantale ou de palladium par exemple, à des coûts non prohibitifs ». RR