Àl'occasion de ses premières Rencontres de l'Innovation, l'association française de l'aluminium a choisi de donner la parole aux industriels (PME et grands groupes) et aux pouvoirs publics via la DGE pour évoquer l'innovation en France et les aides de l'État pour la promouvoir. Petits ou grands, les producteurs d'aluminium et les transformateurs français savent quels chevaux de bataille ils doivent enfourcher pour rester en lice face à la concurrence internationale. « En quinze ans, l'industrie chinoise a réalisé, en termes d'avancées techniques et environnementales, le chemin que nous avons parcouru en Europe en plus de cinquante ans », constate Jean-Michel Jolas, chez Rio Tinto Alcan. Les défis à relever pour les dix prochaines années sont établis : énergie, matières premières, productivité. Certains grands groupes comme Rio Tinto ont choisi de prendre le taureau par les cornes et de se lancer dans la conception de l'usine du futur. « il s'agit à la fois de mettre en route un changement de procédés plus économiques, mais aussi d'une révolution numérique et robotique. En d'autres termes, inventer l'usine durable qui recycle tous ses déchets et récupère la chaleur pour la réutiliser dans le process », explique Michel Jolas.
Le soutien des territoires
Mieux que des mots, des projets sont en cours avec le soutien de la Région Rhône-Alpes. C'est le cœur du débat. Sans partenariat industriel ni le soutien des acteurs territoriaux, pas d'in-novation possible, insistent à l'unisson Bruno Chenal (Constellium) et Christophe Lerouge (DGE). Dans l'innovation des matériaux, la concurrence se joue aujourd'hui avec de nouveaux produits comme les composites. Pour rester dans la course, l'industrie de l'aluminium cherche à créer des matériaux hybrides, que ce soit pour l'automobile ou l'aéronautique. Sans doute une question de survie où, sur certains modèles d'avions, les composites représentent déjà jusqu'à 50 % des composants : « Ces hybrides sont conçus en tenant compte de leur recyclabilité. Aujourd'hui, il n'est pas imaginable de mettre au point un nouveau matériau sans penser à sa fin de vie. C'est aussi là l'enjeu de l'innovation », insiste Bruno Chenal. D'où l'émergence d'instituts de recherche publics ou parapublics comme les IRT (Jules-Verne, à Nantes ou Metafensch, à Metz) pour aider à développer ces matériaux et ces procédés de demain. Mais leur rôle ne doit pas se limiter à l'innovation. « Ils sont également là pour accompagner en particulier les PME et les PMI dans le montage de dossier d'aides financières, explique Christophe Lerouge. Nous sommes dans un contexte de baisse du dispositif budgétaire. Pour autant nous disposons, de façon peut-être un peu trop dispersée, d'outils décentralisés comme les conseils régionaux, les chambres de commerce, qui sont en mesure d'apporter leur soutien aux projets d'entreprises. Il ne faut pas négliger non plus les centres de recherche techniques par secteur, qui pourraient aussi jouer un rôle dans ce domaine. »