« Du fait de leur passivité, les recycleurs ont laissé l'écosystème se construire sans eux, ou presque. » C'est en ces termes que les analystes de Precepta (groupe Xerfi) qualifient les industriels du recyclage dans une étude qui vient de sortir « Le marché du recyclage et l'économie circulaire – des opportunités et des modèles innovants ». De prime abord cela pourrait paraître exagéré, voire pas très sympathique. Mais l'analyse, nourrie de plusieurs mois d'enquête, part de bons sentiments. Le succès médiatique du modèle d'économie circulaire a bouleversé la donne, remettant en cause les stratégies de volume pratiquées par les recycleurs. Aujourd'hui, plus question de continuer sur cette voie, l'économie circulaire prône l'économie des ressources, l'écoconception, le réemploi, et fait entrer dans la danse de nouveaux acteurs concur-rentiels (industriels, start-up, acteurs de l'ESS). Pour ne pas perdre pied, Precepta préconise « une stratégie fondée sur la gestion de flux de matières dont la valeur dépend de la durée d'utilisation et à qualité initiale constante ». Dans ce contexte, les recycleurs doivent se diversifier vers des activités à plus forte valeur ajoutée et se convertir en conseillers matières. Le cabinet d'analyse met en avant leur savoir-faire et expertise technique pour développer leur politique client et mieux cibler leurs besoins. De cette façon, le recycleur pourra ajuster son offre à la demande et être plus réactif en intégrant de nouveaux usages comme la location de matière, l'entretien ou l'accompagnement. Seul bémol, tous les recycleurs ne pourront pas suivre. Les plus grands sont déjà armés pour cela ; les autres tenteront de s'intégrer dans des symbioses industrielles où il sera de plus en plus question d'échanger, de mutualiser et de valoriser les flux de matières premières, d'énergie et de déchets.