Pour évoquer le recyclage, il faut d'abord savoir de quoi et de qui on parle. Le président de Federec Jean-Philippe Carpentier a souhaité remettre les pendules à l'heure pour aborder les données économiques et industriels d'une activité très ancienne : « Celui qui recycle, c'est celui qui collecte le déchet, issu d'un produit en fin de vie et le prépare en matière pour la vendre à un industriel de la transformation (plasturgiste, sidérurgiste, fondeur, papetier) ».
De façon générale, cette industrie a rapporté plus de 9 milliards d'euros, en recul de 2 %, pour un total de 74 millions de tonnes de matières recyclées. Le secteur représenté par une majorité de PME a même recruté l'an dernier en affichant +1,8 % d'emplois par rapport à 2013. Malgré des conditions de marché plus ardues, l'industrie du recyclage continue d'investir en équipements et en infrastructures. Cet investissement représente en 2014, 451,5 millions d'euros, soit 5 % du chiffre d'affaires global.
Toutefois, les filières ne sont pas logées à la même enseigne. Très lié aux indicateurs mondiaux, le marché des ferrailles est le plus mal en point avec une baisse de 3 % des tonnages vendus pour un CA de 3,1 milliards d'euros. L'effondrement des prix en Europe jusqu'à des niveaux constatés en 2009 reste d'actualité avec une concurrence sur tous les fronts (minerai de fer et produits chinois bon marché). Les non ferreux ont bénéficié de bonnes conditions financières avec des cours élevés et une demande soutenue en Europe. Résultat, un chiffre d'affaires en hausse de 6 % à 3,1 milliards d'euros.
2015 pire que 2014 ?
La Fédération fonde par ailleurs de nombreux espoirs sur les déchets du BTP, dont la branche a été créée il y a un an. Les volumes et les possibilités de valorisation ouvrent de nouvelles portes aux opérateurs de collecte et de tri. Certains matériaux comme les papiers-cartons sont portés par la collecte et le traitement des cartons. Ces derniers enregistrent une hausse de 2 % de la collecte tandis que les papiers graphiques chutent de 3,5 %.
Autre signe encourageant, la progression de la production papetière française de l'ordre de 1,8 %, grâce au secteur de l'emballage qui bondit de 9 %. Le secteur des plastiques a vendu l'an dernier, 830 000 tonnes de matières pour un CA de 250 millions d'euros. Si cette activité a bien démarré 2014, la tendance est aujourd'hui à l'inquiétude, en raison de la forte chute des prix du pétrole et des résines vierges.
Malgré ces difficultés, la fédération insiste sur la nécessité de développer cette industrie, en misant sur la qualité et l'innovation des technologies de traitement. Tous les indicateurs montrent déjà que la situation ne va pas s'améliorer en 2015. La concurrence et la compétitivité des matières premières continuent de s'intensifier. D'où la mise en garde de Federec : « on nous parle d'économie circulaire, mais à ce jour, nos matières sont directement confrontées à la concurrence des matières vierges que les industriels privilégient en raison de leurs prix attractifs, déplore Jean-Philippe Carpentier. Il faut donc rester vigilant. On considère que le recyclage a toujours existé et existera tant que l'homme produira des déchets. Pourtant, la raréfaction des ressources se fait aussi sentir dans notre profession, et ce en dépit de prix très bas ».
Pour résister à ce danger, la fédération mise sur l'innovation à travers la création prochaine d'un centre technique (Recyclage Récupération Septembre 2015) et sur la place que le recyclage doit occuper au sein de la transition énergétique et de la COP21 : « nous ne pouvons plus ignorer aujourd'hui que l'impact carbone a un coût. En raison des économies d'énergie que le recycleur peut faire gagner à son client industriel, nous devons rendre cet atout plus visible dans nos échanges commerciaux. C'est un gage de qualité, de fiabilité et de pérennité pour notre activité » ajoute le président de Federec. RR