En Guadeloupe, le flux annuel de la filière est estimé à 10 900 tonnes, soit environ 12 000 VHU. Le stock représenterait 9 100 tonnes selon l'étude réalisée par Caraïbe Environnement pour le conseil régional. En métropole, 42 % des particuliers amènent les VHU dans des centres agréés, un taux ramené à 5 % en Guadeloupe, où les collectivités se chargent de le faire. Autre constat, beau-coup de véhicules sont abandonnés – ils constituaient en 2011 jusqu'à 71 % du gisement. L'île accueille cinq centres agréés dont la Société nouvelle de récupération (SNR), Antilles Environnement Recyclage et Auto casse Plus. Ils disposent d'une capacité totale de plus de 34 000 tonnes par an. Deux acteurs sont également à mentionner : Traitement des déchets automobiles et Ecodec. TDA est une association de 87 adhérents professionnels, créée en 1994. Elle est chargée du recyclage des pneus, des batteries et des VHU. Alors que les batteries (plus de 2 300 tonnes collectées en 2013) repartent en métropole pour être recyclées, les pneumatiques (3 442 tonnes en 2014) sont redirigés vers l'usine Ecodec. L'entreprise dispose d'un broyeur et fabrique notamment de la poudrette et des dalles de stabilisation. À ce jour, Ecodec cherche de nouvelles voies de recyclage. En effet, elle ne traite que 3 000 tonnes par an alors qu'elle dispose d'une capacité de traitement de 8 000 tonnes.
Pas de débouchés
Sur les 47 sites de traitement connus, 34 contrôles ont eu lieu entre 2010 et 2013, aboutissant à l'agrément de quatre centres en plus et à la fermeture de 28 sites illégaux. L'étude identifie plusieurs difficultés, parmi lesquelles l'insuffisance de données sur le gisement et le nombre de sites illégaux, une politique régionale d'enlèvement déresponsabilisant les particuliers, l'absence de débouchés locaux. Les auteurs de l'étude préconisent de créer une filière REP pour les pneus et d'instaurer une consigne incitant les particuliers à rapporter leur véhicule dans un centre agréé. La Martinique, comme sa voisine, a du mal à recenser ses VHU, estimés entre 30 000 et 80 000 par l'Ademe. Chaque année, le traitement concerne environ 12 000 d'entre eux. La filière des VHU s'appuie sur cinq centres agréés : Métal DOM, Casse Auto Nouvelle Formule, Béral Auto, Centrale Cass'Auto et Metal Caraïbes. Ils ont chacun une capacité de traitement de 1 800 VHU par an. En plus de ces centres, la Martinique travaille avec TDA pneus (33 importateurs adhérents) et TDA batteries (26 entreprises adhérentes). Sur les 4 450 tonnes de pneus importés en 2014, 4 075 tonnes provenaient des adhérents de TDA pneus. Les batteries sont collectées dans 80 points. Le prestataire E-compagnie les réceptionne et les conditionne avant de les envoyer vers l'Hexagone. Le pillage des conteneurs à batterie reste problématique sur l'île. En 2009 et 2010, une épidémie de dengue a conduit les autorités locales à prendre en charge la collecte et le traitement des VHU abandonnés ou stockés sur les sites. Total des opérations de résorption : près de 5000 VHU traités pour un coût de 920 000 euros. L'épidémie de chikungunya de 2014 a permis de lancer une action différente. Pour l'Ademe, il faut désormais responsabiliser les automobilistes en renforçant la communication (publication d'un guide pour les particuliers et les communes) et la formation des personnels communaux. Les préconisations sont similaires à celles mentionnées pour la Guadeloupe.
Filières illégales
La Guyane, coincée entre la mer, le Surinam et le Brésil, se distingue par sa situation géographique. La filière VHU est loin d'apporter des résultats satisfaisants. Le faible taux de collecte (21 % sur environ 5 000 VHU par an) est lié à la présence de filières illégales, notamment de l'autre côté de la frontière et de l'incapacité à contrôler le rejet de véhicules dans la nature. Depuis cette année, il existe en Guyane trois centres agréés, et un quatrième est en cours d'instruction. Endel, filiale de GDR-Suez, a été créée avec l'arrivée du centre spatial de Kourou. Destinée à traiter les déchets dangereux du centre, elle pourrait se transformer en centre VHU. Elle devrait alors traiter 5 000 véhicules pour être rentable. Or, à ce jour, le potentiel est de 2 500 VHU. L'entreprise collecte par ailleurs les batteries (350 tonnes en 2014), mais ne devrait pas poursuivre cette activité, jugée peu rentable. Un second acteur, Ardag (association d'importateurs et de concessionnaires) finance et collecte les huiles et les batteries ainsi que les pneus, orientés ensuite vers l'un des centres agréés CSR (Caraibbean Steel Recycling). Après enquête, il semble que cette activité ne soit pas rentable. La Deal a demandé que les pneus soient désormais transférés vers la métropole, mais aucun acteur dans le pays n'a les moyens de financer ce transfert.
Casses sauvages
Comme dans les autres DOMCOM, la Guyane lutte contre le virus du chikungunya. De ce fait, un enlèvement systématique des carcasses automobiles stockées chez les particuliers ou abandonnées est organisé. Depuis 2013, des actions de contrôle de casses illégales sont menées, mais les procédures de régularisation s'avèrent assez longues. Par ailleurs, des opérations d'inventaires des stocks ont été lancées par la région. La Guyane rencontre des problèmes, parmi lesquels la fuite de carcasses dépolluées vers le Brésil ou la Corée du Sud, l'absence de débouchés locaux et, de façon générale, une mauvaise gestion et un faible traitement sur place des déchets.
Sur l'île de la Réunion, on compte un véhicule pour deux habitants. Soit environ 400 000 unités pour une population de 825 000 habitants (chiffres de 2011). Le gisement de VHU est évalué à au moins 8 000, très en dessous de la réalité, puisque la filière illégale serait sans doute aussi importante que la filière légale. L'éloignement géographique de l'île, à la fois de l'Hexagone et de tout autre pays de l'OCDE, ne facilite pas la mise en œuvre des réglementations européennes et internationales. La plupart des déchets issus des VHU dépollués sont expédiés vers l'Asie. On compte pourtant un broyeur autorisé depuis le début de l'année et sept centres agréés : Generall Autos St Denis, Generall Autos St Louis, CUB AC Casse, CDAA, Métal Réunion, Samarapaty, Casse de la source. En parallèle, les casses sauvages se comptent par dizaines. La filière illégale porte notamment sur les batteries, envoyées en grande quantité vers Madagascar. Les batteries collectées par les sites agréés sont recy-clées en métropole chez GDE et Recylex. Comme les autres îles, la Réunion a été touchée par l'épidémie de chikungunya, qui a infecté 300 000 personnes et provoqué 250 décès. La lutte contre cette maladie passe par la résorption du gisement de pneus laissés à l'abandon. En quatre ans, 10 000 pneus en eau ont été découverts chez les particuliers au cours de contrôles.
Renforcer les contrôles
Sur la liste des difficultés rencontrées figurent le flou sur les chiffres, les surcoûts de transfert vers l'UE, par rapport au transport vers l'Asie et l'Inde, l'absence de filières locales, la rentabilité des filières illégales, un foncier rare, le trafic de cartes grises et l'arnaque à l'assurance. Les pistes à creuser sont multiples : instaurer une consigne pour les particuliers, favoriser la filière légale de la pièce de réemploi, renforcer les contrôles sur les déclarations et les importations, lutter contre les filières illégales. Pour les VHU comme pour les déchets en général, une gestion conforme aux réglementations nationales ou européennes se heurte à des particularismes insulaires et géographiques. Ce premier rapport a donc le mérite de pointer ces discordances et la nécessité d'accorder aux pouvoirs locaux plus de marge de manœuvre. n