Nous vivons actuellement une situation paradoxale. Le polyéthylène recyclé, aujourd’hui reconnu par les industriels pour sa fiabilité, son homogénéité et sa robustesse, bénéficie d’une norme pour certaines applications relativement exigeantes, comme le jouet par exemple, mais pas pour d’autres telles que les tubes annelés destinés à la gestion des eaux pluviales, dont la fabrication repose pourtant sur des matières aux propriétés identiques.
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Pourtant, un polyéthylène recyclé de qualité a toutes les caractéristiques requises pour se substituer à la matière vierge en fonction des applications. Revenons sur ce matériau incroyable qu’est le polyéthylène. Cette matière plastique de synthèse, dérivée de la pétrochimie, est la plus répandue dans le monde des plastiques, avec 100 millions de tonnes utilisées par an. On trouve le polyéthylène sous deux catégories principales : le PEHD (haute densité), utilisé pour les jouets, les contenants rigides (lait, shampoing, lessive, futs, tubes pour applications dans le bâtiment…) et le PEBD (basse densité), utilisé pour les films agricoles, films étirables, les contenants souples, qui comprend la sous-famille du PEBD linéaire (sacs plastiques, film de protection alimentaire…). Ses principales applications sont l’emballage, le bâtiment et l’automobile.
En plus d’être économique, le PE vierge a pour propriété d’être translucide, colorable (par exemple en noir pour protéger contre les UV) et chimiquement inerte, c’est-à-dire qu’il a une bonne tenue aux agents chimiques avec lesquels il est en contact. Il a également pour vertu d’être recyclable, même une fois recyclé ! Aujourd’hui, seuls 25 % des déchets plastiques sont recyclés, l’organisation de la collecte et le tri des déchets, notamment les plus petits, étant encore problématique. Toutefois, les progrès sont sensibles : en 10 ans, le recyclage des matières plastiques a augmenté de 80 %. En France, nous sommes encore un peu en retard puisque nous recyclons 20 % des matières plastiques, contre 30 % en moyenne en Europe.
Outre la qualité de nos produits recyclés en Europe qui mérite d’être soulignée, un des atouts les plus considérables du PE recyclé concerne sa faible empreinte carbone avec des valeurs qui peuvent atteindre 65 % de moins d’équivalent CO2, par rapport au même produit réalisé à partir d’une résine vierge. Un environnement normatif et technique devrait permettre de créer un cercle vertueux et de contribuer au financement de toute la chaîne du recyclage. La démarche environnementale impulsée par la feuille de route pour une économie circulaire (Frec), lancée par le ministère de la transition écologique et solidaire, va dans le bon sens.
Néanmoins, pour atteindre son objectif de zéro plastique en décharge en 2025, avec 100 % de plastiques recyclés, l’intégration des matières plastiques recyclées, « qualifiées » dans les normes et les certifications, est indispensable. Reste donc à fédérer les industriels de la plasturgie pour mener à bien ces évolutions sur le polyéthylène recyclé. Car fondamentalement, personne ne pourrait aller à l’encontre d’un produit 100 % recyclé, qui offre les mêmes garanties que le même produit en matériau vierge.