Quelles inflexions peut enclencher la loi sur l’économie circulaire ?
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Une belle usine à gaz en perspective …
L’exercice sera difficile pour des produits impliquant un grand nombre de composants mais il est d’ores et déjà réalisable pour quantités de biens et services. On connaît le poids d’acier et de plastique d’une voiture, sa consommation, les émissions des usines, on sait même corriger les biais des pays importateurs qui tendent à les sous-estimer. On sait évaluer la quantité d’eau et d’engrais utilisée pour produire un avocat en Amérique latine et les émissions liées au transport routier et aérien. L’alimentation venue du bout du monde doit coûter plus cher. C’est ainsi qu’on viabilisera les productions locales et qu’on reconstituera les ceintures maraîchères autour des villes.
Dans une société neutre en carbone, les comptables chiffreront le carbone dans l’entreprise. Et le citoyen aura appris à vivre non seulement avec ses revenus mensuels mais aussi avec un budget de 2 tonnes de CO2/an1 – des applications numériques amorçant déjà le calcul.
Le verdissement fiscal viendra-t-il de l’Europe ?
Il y a deux fenêtres de tir cruciales : le Green Deal, qui permettra de débattre de la fiscalité du carbone au niveau européen, et la Convention citoyenne pour le climat. Toute personne enfermée durant six week-ends pour étudier les enjeux du changement climatique et de l’économie circulaire et échanger avec des experts avancera nécessairement la fiscalité comme piste sérieuse.
Changer les comportements requiert à la fois des infrastructures porteuses d’alternatives (pistes cyclables, bornes de recharge électrique, etc.) et une fiscalité orientant la consommation et les investissements de tous les acteurs (ménages, entreprises, administration). De 2019 à 2022, les scrutins européens, municipaux, régionaux et présidentiel seront décisifs : ce sont les derniers mandats utiles pour transformer le système et aller vers un monde à + 2°C – ou davantage.
1 : contre une empreinte carbone de 4,9 t/an/hab. au plan national et de 7,9 t/an/hab. en incluant les importations, rapport sur l’état de l’environnement, CGEDD, octobre 2019