Plantation de milliers d’arbres, désimperméabilisation des rues, cours d’école « rafraîchissantes »… Ville historiquement minérale, Bordeaux a entamé sa mue urbaine pour (re)donner toute sa place à la nature, avec de nombreux défis à la clé.
Dès juillet 2020, quelques mois seulement après les élections, la nouvelle équipe municipale de Bordeaux, par la voix de son maire, Pierre Hurmic, décrétait l’urgence climatique. « Bien plus qu’un slogan, il s’agit du socle de notre vision pour Bordeaux qui s’est immédiatement traduit en action et en mesures », avance l’édile bordelais. L’objectif premier de la capitale de la Nouvelle Aquitaine ? Réduire ses émissions de gaz à effet de serre, responsables du dérèglement climatique. « Il nous impose également de nous préparer et de nous adapter d’ores-et-déjà aux conditions de vie qui changent et se durcissent déjà », complète Pierre Hurmic, qui ajoute : « Pour survivre aux chocs qui nous attendent, la ville et le mode de vie urbain ont entamé de profondes mutations. »
Parmi celles-ci, Bordeaux fait désormais la part belle au végétal. En lançant, en décembre dernier, la troisième édition de son programme « Grandeur Nature », la ville a décidé d’accélérer son rythme de plantation de nouveaux arbres et ainsi d’« ancrer durablement la place de la nature en ville ». Au total, pas moins de 13 000 arbres ont été ou seront plantés en un an dans tous les quartiers de l’agglomération, ainsi que trois nouvelles micro-forêts et des potagers. En outre, Bordeaux a lancé le projet de deux fermes urbaines et l’expérimentation d’un premier jardin de captation des eaux de pluie. « Nous repensons et remodelons peu à peu la ville en traitant ensemble les enjeux habituellement cloisonnés de mobilité, de renaturation, d’apaisement, de gestion de l’eau, de biodiversité et, bien sûr, de lutte contre les îlots de chaleur », explique Didier Jeanjean, adjoint au maire chargé de la nature en ville et des quartiers apaisés.
Jardins publics, voiries, cours d’école… Depuis trois ans maintenant, la municipalité bordelaise multiplie les programmes dans toute la ville « pour passer de la "rue sèche" à la "rue fraîche" ». Les objectifs sont nombreux : désimperméabiliser les sols, réorganiser les déplacements en faveur des modes doux (vélo, marche à pied…), développer la biodiversité et une trame verte, rendre les rues plus accueillantes, favoriser le contact quotidien des enfants avec la nature, etc. « Transformer une ville pour faire face aux conséquences du changement climatique ressemble aux douze travaux d’Hercule, concède Didier Jeanjean. Nous devons à la fois mener une approche globale et cohérente sur toute la ville et agir de façon très concrète et pragmatique rue après rue, place après place, chantier après chantier. » Et l’adjoint au maire de conclure : « Ce travail de fourmi demande beaucoup d’ingéniosité et de ténacité. »