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Dans la Drôme, des compteurs intelligents pour traquer les fuites d’eau

A.A, LE 17 NOVEMBRE 2025
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Dans la Drôme, des compteurs intelligents pour traquer les fuites d’eau
Crédits : DR
En déployant plus de 10 000 compteurs intelligents à ultrasons reliés par un réseau LoRaWAN, la régie des Eaux de la Veaune se dote d’un outil inédit capable de repérer les micro-fuites en amont comme en aval du compteur.

À Chavannes, la régie publique des Eaux de la Veaune (Drôme) déploie une technologie de comptage à ultrasons couplée à la télérelève LoRaWAN. Une innovation qui permet de détecter les fuites d’eau avant et après compteur, renforçant à la fois la sobriété en eau et la transition écologique.

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La régie publique Eaux de la Veaune, établissement intercommunal, dessert près de 20 000 habitants répartis sur 19 communes (175 km²). Depuis plus de trente ans, elle investit dans la modernisation de ses infrastructures pour améliorer la distribution et la gestion de l’eau potable.
Son nouveau projet phare repose sur l’installation de 10 530 compteurs intelligents Kamstrup flowIQ 2200 et 3200, équipés d’une technologie d’écoute acoustique active (ALD). Ces appareils, sans pièce mécanique, réalisent 24 mesures de bruit par jour dans les canalisations et transmettent leurs données via un réseau LoRaWAN interopérable, spécialement déployé pour l’occasion.

De la relève manuelle à l’écoute intelligente
Pendant des décennies, la règle était la lecture visuelle de l’index affiché sur le compteur. « Cette tâche, chronophage et de plus en plus difficile en raison de l’accès restreint aux compteurs situés derrière des portails ou dans des halls d’immeubles sécurisés, a progressivement laissé place aux premiers dispositifs de radiorelève », rappelle Pierre Savinel, directeur des Eaux de la Veaune. Ces derniers ont permis de gagner du temps, mais restaient dépendantes d’un agent circulant près de chaque compteur, et les erreurs de transmission n’étaient pas rares.

À partir des années 2010, l’arrivée des réseaux bas débit LoRaWAN a constitué une véritable révolution, permettant des relevés quotidiens à distance, avec un bilan carbone réduit. Mais une limite persistait : la facturation pouvait se faire sur la base d’index précis, mais les fuites en amont du compteur, invisibles pour l’usager comme pour l’exploitant, passaient souvent inaperçues. C’est précisément ce verrou que la régie entend lever.

La détection des micro-fuites
L’apport de la technologie Kamstrup réside dans sa capacité à transformer chaque compteur en capteur acoustique. Grâce à l’écoute active, « les variations de bruit enregistrées dans les canalisations permettent d’identifier l’origine des fuites », note Pierre Savinel. Dans ce cas, une intensité homogène signale une fuite sur le réseau principal, tandis qu’une variation marquée entre compteurs indique plutôt un branchement ou un regard défectueux. Cette finesse d’analyse permet de cibler rapidement les interventions, de réduire les pertes et d’éviter qu’un gaspillage d’eau ne perdure pendant des mois comme cela pouvait être le cas avec une relève annuelle classique.

Les compteurs intelligents installés dans le cadre du projet sont capables de détecter des fuites jusqu’à une dizaine de mètres en amont du branchement, ce qui constitue une avancée considérable pour la maîtrise des volumes distribués. Les données collectées sont transmises via le réseau LoRaWAN à un logiciel de supervision baptisé Leak Detector, qui offre une visualisation claire et exploitable par les équipes techniques.

Un réseau au service de plusieurs usages
Pour relever les données de ces compteurs enterrés, la régie met en place son propre réseau LoRaWAN. La première étude de couverture, réalisée avec cinquante passerelles installées sur vingt-trois réservoirs, huit stations de pompage et dix-neuf bâtiments communaux, permet déjà d’assurer la couverture de plus de 78 % des compteurs. Ce taux pourra être amélioré grâce à l’optimisation des antennes, au relèvement de certains mâts et à l’installation ponctuelle d’équipements complémentaires chez des particuliers.

L’originalité de ce réseau réside dans son ouverture : il est conçu comme une infrastructure interopérable et open source, qui pourra également servir à d’autres usages publics tels que la gestion énergétique des bâtiments, la vidéoprotection, le contrôle d’accès ou la surveillance de la qualité de l’air.

Un modèle reproductible
« Nous attendions depuis longtemps une technologie fiable intégrée directement au compteur », lance Pierre Savinel, directeur de la régie. « Aujourd’hui, nous disposons d’un outil capable non seulement d’assurer une facturation précise, mais surtout de préserver la ressource en traquant les moindres fuites, y compris avant compteur. »

Ce projet, véritable démonstrateur de sobriété hydrique, pourrait inspirer d’autres collectivités rurales comme urbaines. En transformant chaque compteur en capteur intelligent, la régie des Eaux de la Veaune illustre comment la gestion locale de l’eau peut conjuguer innovation technologique, transition écologique et service public de proximité.


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