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BIODIVERSITÉ

Quand les habitants verdissent le bitume

PUBLIÉ LE 6 AVRIL 2017
LA RÉDACTION
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À Tours, on se félicite du succès de l’opération. Au service parcs et jardins, on est même débordé par les requêtes. Comme des dizaines d’autres, cette ville renouvelle au printemps sa campagne de fleurissement des trottoirs par les habitants. Et constate un net enthousiasme… qui ne part pas de rien.Porté par le désir de réappropriation de l’espace public, il est nourri depuis des années par des associations comme les Passeurs de jardins à Marseille, qui vient de publier un guide fertile en conseils sur le sujet. Rebords de fenêtres et balcons ne sont plus les seuls à se parer de vert. Façades, pieds d’arbres, fissures de bitume ou parterres cultivables (fosses) créés à la demande des habitants prennent le relais. « Avec une dimension collective, qui est la clé de la réussite, pointe ce guide. Une plante isolée a peu de chance de survie. Plus il y en a dans la rue, plus il y a de rencontres et de convivialité. »Avec la collectivité, la répartition des responsabilités doit être claire. La petite commune de Châteaugiron (Ille-et-Vilaine) s’appuie sur une charte incluant un calendrier d’entretien et un respect des techniques prenant en compte la protection de l’environnement. Les habitants jardiniers sont garants de l’observation de ces règles et la commune de l’intérêt général, en accompagnant les initiatives et en veillant à l’intégration paysagère. Végétaliser des linéaires de trottoirs nécessite l’accord de la ville. À Rennes, pionnière sur le sujet, la direction des jardins s’est habituée à traiter les demandes et à vérifier leur faisabilité. Elle finance le découpage du bitume, évacue les gravats, apporte la terre. Et délivre en retour un cahier des charges à respecter. Mais trop cadrer les choses ne risque-t-il pas de casser la spontanéité du mouvement ? Également adossé à une charte, le permis de végétaliser parisien vise au contraire, selon Pénélope Komitès, adjointe à la maire de Paris chargée des espaces verts, « à desserrer la bride, lever les tabous et aider les habitants à se sentir libres d’installer une jardinière en bas d’immeuble ou d’agrémenter des pieds d’arbres, dans le respect des particularités patrimoniales et en lien étroit avec les Architectes des bâtiments de France, qui ont l’œil sur le sujet ».Plus de 600 permis parisiens ont été accordés. En majorité pour végétaliser des pieds d’arbres, et dans une moindre mesure pour poser des bacs à fleurs. « À Bordeaux, sans communication particulière, nous atteignons 1 500 demandes par an grâce au bouche-à-oreille », chiffre Magali Fronzes, adjointe au maire chargée des espaces verts. La demande d’une création de fosses à planter y est souvent faite en ligne. « Si le projet est réalisable, nous sollicitons une autorisation d’occupation temporaire auprès de la communauté urbaine, qui est propriétaire des trottoirs. Une fois qu’elle est validée, nous intervenons – à deux reprises dans l’année – et creusons une fosse de plantation limitée à 15 cm de profondeur. Nous fournissons la terre et les premiers plants. »Spécificité bordelaise qu’on retrouve également à Grenoble : une liste de plantes autorisées qu’accompagnent d’autres règles, comme l’interdiction de planter au pied du mobilier urbain ou d’entraver le passage des piétons et personnes handicapées. « Au Havre, un tiers des demandes bute sur cet obstacle réglementaire. Nous veillons aussi à contenir les grimpantes en pied de façade car la ville serait responsable des dégâts occasionnés », commente Benjamin Lebourg, chargé de médiation dans la cité normande où une soixantaine de « jardins de rues » ont ainsi germé.« L’initiative s’inscrit dans un contexte de rénovation urbaine, d’amélioration du lien social. Cantonnée aux quartiers du centre ancien, il faudrait à terme la généraliser », espère Alexandre Dumontier, chef du service environnement de la ville. En interne, la validation des projets transite par les services voirie (pour le creusement), espaces verts (pose) et vie sociale (dimension citoyenne). « Ce travail partenarial est stimulant pour la collectivité », ajoute Benjamin Lebourg. « Le fait d’accorder un permis n’est pas sans inconvénient, cela a un aspect procédurier », réagit Célia Henry.Pour imaginer un dispositif plus souple et attractif, cette jeune ingénieure issue de l’ENTPE développe une appli baptisée Plante & Moi. L’outil facilitera la végétalisation de l’espace public. Deux communes, Arles et Romainville, le lanceront au printemps. « Il simplifiera les étapes de demande et de validation par les services de la ville. Délivrera des conseils, mettra en relation les jardiniers amateurs et cartographiera les meilleures initiatives », conclut-elle. Morgan Boëdec
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