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BIODIVERSITÉ

Anne-Marie Ducroux : « On ne s’interroge pas assez sur l’impact de l'éclairage »

PUBLIÉ LE 10 AVRIL 2017
LA RÉDACTION
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Le magazine pour les acteurs et décideurs du développement durable et des métiers de l’environnement.
L’Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturnes (ANPCEN) a permis l’intégration des notions de nuisance lumineuse et de biodiversité nocturne dans les lois Biodiversité et Transition énergétique. Une grande satisfaction pour vous ?Effectivement, c’est une étape essentielle. Les paysages nocturnes constituent désormais un patrimoine commun de la Nation. Il aurait été totalement anachronique de se retrouver avec deux textes de référence ignorant l’impact environnemental de l’éclairage. Ce qui était le cas dans leurs premières versions. Pour la loi Biodiversité, cela représente cinq ans d’efforts en amont, auxquels il faut ajouter deux années de parcours législatif. C’est un travail bénévole de persévérance. Objectif : donner aux décideurs publics une approche plus transversale de la question, et aux élus locaux et aux citoyens la capacité de faire eux-mêmes des choix mieux documentés en coûts et impacts globaux.Vous présidez, bénévolement, l’association depuis maintenant sept ans. Qu’avez-vous pu lui apporter ?En 2007, l’ANPCN a adjoint le E d’environnement à son nom pour élargir son champ d’action à l’ensemble des enjeux de l’environnement nocturne et défendre l’intérêt général. En prenant la présidence en 2010, j’ai souhaité documenter l’approche globale pour inciter à la cohérence des choix, faire partager une vision moins technique en préservant la solidité de nos recommandations. J’ai également montré la forte complémentarité à mener à la fois des actions de proximité et un plaidoyer national, avec la double légitimité de notre connaissance du terrain auprès des parlementaires et de notre travail législatif auprès des élus locaux.La politique partenariale de l’ANPCEN a-t-elle aussi été renforcée ?Oui. Nous avons consolidé certains ancrages territoriaux et nos relations avec la Société astronomique de France, noué des liens officiels avec les parcs nationaux, les parcs naturels régionaux, la LPO, le Muséum national d’histoire naturelle, etc. Nous venons de signer un accord avec les Eco Maires autour de l’échange d’informations, la sensibilisation des communes, la conception d’outils pédagogiques communs et la promotion de notre concours des Villes et villages étoilés. D’ailleurs, l’édition 2017, tout juste lancée, est désormais soutenue et relayée par l’Association des maires de France. Pourquoi avoir choisi de défendre particulièrement l’environnement nocturne ?Le président de l’association de l’époque me l’a demandé. J’ai fini par accepter la présidence, après un premier refus par manque de temps. Cet enjeu, intéressant et émergent, avec tous ses angles, illustre bien l’intégration des enjeux d’un développement durable. J’essaie souvent de percevoir les thématiques structurantes pour les changements. J’ai publié dès 2002 l’ouvrage « Les nouveaux utopistes du développement durable » aux éditions Autrement. J’ai aussi œuvré à faire de la pédagogie autour de ce concept, au moment où il apparaissait en France, et de la participation de la société civile en étant, de 2002 à 2006, la première présidente du Conseil national du développement durable (CNDD). Aujourd’hui, parmi mes activités, je préside – depuis sept ans – la première section environnement du Conseil économique, social et environnemental.Quelles recommandations formulez-vous aux élus locaux en termes d’éclairage public ? Quand on leur explique clairement les enjeux, les élus de terrain évoluent plus vite qu’au plan national. L’approche standardisée actuelle n’est pas pertinente. Elle a conduit à l’explosion du nombre de points lumineux en France : + 89 % en vingt-cinq ans ! Il faut partir des besoins réels. Nous proposons ainsi toute une panoplie de recommandations avant l’achat de nouveau matériel : agir sur les usages, moduler la durée d’éclairement jusqu’à l’extinction nocturne lorsque c’est possible, en commençant par une phase expérimentale et en prenant toujours soin de consulter la population ; installer une horloge astronomique qui sera très rapidement amortie ; orienter les lampadaires de manière à réduire la pollution lumineuse, abaisser les mâts ou les espacer… Dans l’éclairage, personne n’a jamais fait cette pédagogie. L’ANPCEN appelle à la prudence dans l’utilisation généralisée des leds. Pour quelles raisons ? Pour l’éclairage extérieur ou intérieur, le marché préconise massivement les leds sans information globale, ni indépendante, et sans que l’État ait fixé un cadre. Le parc d’éclairage se renouvelle de 3 % par an, mais les entreprises du secteur visent avec les leds un nombre à deux chiffres. Si des impacts négatifs importants sur l’environnement ou sur la vision et la santé se révèlaient, comme le suggèrent déjà l’avis de l’Anses de 2010, dont nous attendons la mise à jour cette année, ou une récente étude de l’Inserm, il sera trop tard, des millions d’euros seront déjà investis pour vingt à trente ans. Les constructeurs prédisent une durée de vie de vingt-cinq ans mais ne la garantissent pas. Les performances annoncées sont « auto-alléguées » et partielles. L’avantage économique global des leds n’est donc pas évident. Gouvernance, coûts, impacts, etc., on ne s’interroge pas sur l’éclairage. La lumière est un service indispensable, mais avec 94 % émis en plus la nuit depuis vingt-cinq ans, on doit prendre en compte aussi ses impacts ! Propos recueillis par Fabian Tubiana
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