Total Lubrifiants et Sarp Industries (Veolia) ont créé Osilub, une filiale commune qui traitera 120 000 tonnes d'huiles par an à Gonfreville-l'Orcher (Seine-Maritime) dans une installation ayant nécessité 50 millions d'euros d'investissement (lire EM n° 1654). Son directeur général, Jacques Tricard, explique que le procédé employé sur place n'est pas classique : « Au lieu de craquer les molécules d'huile comme dans la chimie du pétrole, on procède à une distillation en plusieurs étapes afin de les séparer. Cette technique, très utilisée en Suisse, relève de la chimie fine. » Il faut d'abord éliminer l'eau et les solvants, puis les hydrocarbures grâce à un passage en évaporateur. Dans ce grand cylindre chauffé à 380 °C, des racloirs à lames tapissent l'huile sur les parois, ce qui accélère son évaporation et la séparation des impuretés. Les résidus qui ne se sont pas évaporés sont piégés dans un goudron qui part en cimenterie ou en incinérateur. « Avec ce procédé, on produit 75 % d'huiles d'une qualité comparable à celle des huiles vierges issues du raffinage. Le reste, ce sont les résidus. Une distillation classique produirait 45 % d'huiles et le reste serait du combustible s'apparentant à un fuel industriel », vante l'industriel. Cette technique de reraffinage est protégée par un brevet qu'il a racheté à une start-up américaine, avant de développer durant quatre ans le pilote industriel, avec l'aide de l'Ademe et du laboratoire de génie chimique de Toulouse.