Encore relativement confidentiel, le marché des obligations «  vertes  », destinées à financer des projets liés aux énergies renouvelables, pourrait connaître un coup d'accélérateur dans les prochains mois. En lançant mi-novembre une émission de 1,4 milliard d'euros, EDF a démontré la profondeur de ce moyen de financement, jusque-là plus fréquemment utilisé par des institutions internationales, comme la Banque européenne d'investissement. Le montant des fonds récolté par l'électricien est en effet le plus important jamais levé, par ce biais, par un industriel. Air liquide avait par exemple placé des obligations l'an dernier pour financer ses projets dans la santé, mais pour un montant de seulement 500 millions d'euros. Destinées à financer des projets développés par EDF Énergies nouvelles, ces obligations labellisées permettent de s'adresser directement aux fonds d'investissement ou de gestion d'actifs socialement responsables ou spécialisés sur les ENR. Dans cette opération, 60 % du montant a été directement fourni par des fonds ISR, en majorité français, un type d'investisseurs qu'EDF ne touchait pas nécessairement auparavant. Pour respecter les canons d'éligibilité de ces fonds, le groupe a pris deux engagements. D'une part, les projets devront respecter les critères fixés par l'agence de notation Vigeo : respect des droits de l'homme et gouvernance dans les pays où ils sont développés ; gestion des impacts environnementaux ; protection de la santé et de la sécurité des employés ; promotion d'une relation responsable avec les fournisseurs ; dialogue avec les parties prenantes locales. D'autre part, les fonds feront l'objet d'un processus de traçabilité spécifique. Les projets sélectionnés et les investissements seront communiqués chaque année par EDF et vérifiés par Deloitte. Le cabinet attestera ainsi du respect des engagements pris. «  Cette première opération ouvre la voie à de nouveaux modes de financement pour d'autres métiers, tels que l'hydraulique ou les services énergétiques », anticipe le groupe. En 2012, EDF indique avoir consacré près de deux milliards d'euros d'investissements bruts aux énergies renouvelables, avec 1,5 GW de nouvelles capacités mises en service, portant à 6,4 GW la puissance totale à fin septembre 2013.