Des ambitions, mais des moyens limités. Depuis quelques trimestres, GDF Suez était contraint par un endettement de près de 30 milliards d'euros, hérité des années de croissance et notamment du rachat d'International Power. L'énergéticien cherchait donc de nouveaux modes de financement pour assurer le déploiement de ses projets. Il avait déjà ouvert le capital de plusieurs actifs de production d'énergie, au Brésil avec l'entrée du japonais Mistui dans le barrage géant de Jirau et au Portugal avec Marubeni. Le groupe dirigé par Gérard Mestrallet fait maintenant entrer Crédit Agricole Assurances dans sa structure de déploiement de centrales éoliennes terrestres en France. Predica, filiale de l'assureur, va ainsi acheter 50 % du capital de GDF Suez Futures Énergies Investissement Holding (FEIH). Cette structure, dirigée par Jean Séjourné, exploite déjà 440 MW de capacités éoliennes terrestres en France. Comme avec Mitsui ou Marubeni, GDF Suez conservera toutefois la direction opérationnelle des actifs et restera en charge du développement, de la construction et de l'exploitation des parcs actuels et futurs.
L'objectif de cet accord est d'accélérer le développement des projets en portefeuille afin d'accroître le parc de production. GDF Suez dispose aujourd'hui, au total, de 1 200 MW de capacités installées en France dans les renouvelables, et compte atteindre plus de 2 000 MW à l'horizon 2016. Le montant de la transaction n'est pas précisé. Mais en faisant entrer ce partenaire au capital, GDF Suez n'aura plus à porter seul la dette de FEIH dans ses comptes. Il la partagera avec Predica. D'où un allégement de l'ordre de 400 millions d'euros pour l'industriel.
En échange, l'assureur s'ouvre un portefeuille existant et en développement en mesure de lui fournir des revenus récurrents et relativement stables, censés couvrir ses besoins de rendement à très long terme. Plusieurs grands assureurs, comme Axa ou Allianz, ont déjà investi ces dernières années dans l'éolien en France, au moment où de nombreux développeurs indépendants souffraient de la restriction des modes de financement.