Tout ne fait que débuter, mais il y a déjà matière à débat. Il y a un an, naissait l'Institut de l'économie circulaire. Pour son premier anniversaire, et dans la foulée de son assemblée générale, il a organisé le 10 février un débat sur les enjeux stratégiques du modèle de développement qu'il prône. Autour de la table, diverses parties prenantes et un point de divergence : une loi-cadre est-elle nécessaire ? À première vue, les grands principes de l'économie circulaire se diffusent correctement. « La dynamique est engagée en France, en Europe et dans le monde », se réjouit François-Michel Lambert, député et président fondateur de l'institut. François Hollande a ainsi placé le sujet parmi les priorités françaises. « Le gouvernement a adopté une feuille de route. Le cap est très clair : diviser par deux la quantité de déchets mis en décharge d'ici à 2020. C'est un objectif volontariste, mais possible », estime Patricia Blanc, directrice générale de la Prévention des risques au ministère de l'Écologie.
Des mesures variées sont déjà engagées. L'administration a créé un groupe de travail pour définir une série d'indicateurs. Un volet spécifique a été introduit dans le programme des investissements d'avenir. « Le Conseil national de l'industrie va aussi intégrer à ses contrats de filières des objectifs en termes d'économie circulaire », ajoute Patricia Blanc. Autre exemple : « l'administration soutient l'idée de régionaliser les plans de gestion des déchets ». Pour autant, des mesures si éparses peuvent-elles suffire ? « Même si le travail avance, il subsiste des freins », observe Patrick Pierron, secrétaire national de la CFDT. Au rayon des lacunes, il liste la culture de coopération, la dynamique territoriale, la réflexion sur l'évolution des métiers… Plus généralement, « à chaque fois que l'économie circulaire est prise en compte, c'est de façon ponctuelle et partielle. Il manque de la transversalité », juge François-Michel Lambert. Pour y remédier, le député défend donc l'idée d'une loi « qui fixerait un cadre commun à tous les futurs textes, mais aussi à ceux qui existent déjà et qu'il faudra repasser dans la moulinette législative en conséquence ». Une proposition de loi-cadre qui ne fait pas l'unanimité. Par « pragmatisme », le Medef préfère laisser libre cours aux initiatives qui se développent sur le terrain. « Car la réalité est multiple », justifie Catherine Tissot-Colle, directrice communication et développement durable du groupe minier Eramet et membre du conseil exécutif du Medef. Le débat est lancé.