Les collectivités territoriales chargées de contrôler les nuisances causées par les moustiques utilisent principalement deux insecticides : le larvicide de synthèse téméphos et celui d'origine biologique Bacillus thuringiensis israelisis (BTi). Problème : la directive européenne sur les biocides, entrée en vigueur le 1er septembre, interdit désormais l'usage du téméphos, qui n'a pas fait l'objet d'une homologation. Se sentant démunies, les ententes interdépartementales de démoustication (EID) ont demandé au ministère de l'Écologie de faire jouer auprès de l'Union européenne la « clause d'usage essentiel » en faveur du téméphos pour le volet contrôle des nuisances. Le Medd a refusé de transmettre la demande et l'a limitée au seul cas où les moustiques se révéleraient des vecteurs de maladie. Une décision que les EID jugent absurde. « Cette dérogation signifie que les opérateurs ne pourront utiliser du téméphos qu'en cas de crise sanitaire, type chikungunya. Mais cela ne présente aucun intérêt, car dans ce cas une clause autorise déjà l'utilisation des produits non homologués pendant cent vingt jours. Notre requête concerne l'usage de routine », explique Jean-Louis Gély, directeur de la communication de l'EID Méditerranée.
La réponse du Medd indique que l'emploi du BTi doit être considéré comme « seule alternative » à la réduction de la liste des insecticides. Mais pour le conseil scientifique et technique des EID, même si son impact environnemental est inférieur à celui du téméphos, le « 100 % BTi » est loin d'être la solution miracle. « Le BTi est surtout efficace en eau peu profonde et ne suffira pas au moment des fortes mises en eau des gîtes larvaires du printemps, ou encore s'il y a beaucoup de végétation à la surface de l'eau », reconnaît Christophe Lagneau, directeur R %26 D de l'EID Méditerranée.
Plus de BTi, plus d'avions
Mais la limite est également logistique : 60 % des opérations de démoustication du pourtour méditerranéen s'effectuent par avion et il faut des quantités plus importantes de BTi que de téméphos pour traiter la même surface. D'où la nécessité d'augmenter la flotte aérienne pour traiter l'intégralité des 40 000 hectares dont s'occupe chaque année l'EID Méditerranée. « Nous avons besoin d'un sursis de quelques années pour réaliser les investissements nécessaires et continuer la recherche d'un substitut, poursuit Jean-Louis Gély. Mais personne n'a jugé bon d'homologuer un produit efficace, prescrit par l'OMS dans le traitement de l'eau... potable ! On ne s'attend donc pas à voir arriver un autre produit rapidement ! » En effet, ce n'est pas pour dossier d'homologation défaillant que le téméphos a été retiré, mais parce qu'il n'y a pas de dossier du tout : pour des raisons économiques, BASF, le fournisseur, n'a pas jugé bon de le monter au regard des quelques tonnes annuelles que représente le marché européen. Les présidents des EID ont fait savoir qu'ils ne baissaient pas les bras. Et que si ça gratte en France au printemps 2007, il faudra se plaindre auprès du ministère.