Le 6 juin dernier, c'est pour défaut d'information du public que le réseau Sortir du nucléaire a obtenu du Conseil d'État l'annulation du décret complet de démantèlement de la centrale nucléaire de Brennilis (Finistère). La crédibilité de l'exploitant à maîtriser la fin du cycle de vie des centrales est en jeu. Dès le début de l'opération, en 1985, ses cogérants, le Commissariat à l'énergie atomique et EDF, seul maître à bord depuis 2000, avaient promis un chantier modèle, mais pêchent par manque de transparence. Tout comme l'État qui a créé un observatoire qui, sans statut ni site Internet, peine à communiquer en attendant sa transformation en commission locale d'information. Il est temps, quinze ans après la mise à l'arrêt définitive (MAD) du site, dernière étape du niveau 1 de démantèlement fixé par l'Agence internationale de l'énergie atomique. À l'époque, le modérateur à eau lourde de cette petite centrale de 70 MW électriques est évacué, les circuits vidangés et le combustible, de l'uranium, retraité à Marcoule ou entreposé à Cadarache (CEA). En amont, la gestion du chantier s'appuie sur un inventaire des déchets, une étude radiologique et un calendrier structuré par taches élémentaires. Chacune relève d'une méthodologie de réduction des risques préparée avec l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Laquelle inspecte le site par le biais de sa division de Caen, qui instruit aussi les demandes d'autorisation de travaux. En 1996, le niveau 2 est engagé après enquête publique. Objectif : gommer tous les bâtiments sauf l'enceinte du réacteur, au contraire renforcée et ventilée.
Bâtiments
à gratter
On s'attaque alors au bâtiment des combustibles irradiés, au cimetière à déchets solides et à la station de traitement des effluents (STE). Une fois les réservoirs, les tuyauteries et les câbles désossés et découpés, on « gratte » et assainit les fondations avec précaution. « On surveille les risques d'incendie, la stabilité des structures démontées, la formation en radioprotection des employés », rassure Éric Zelnio, inspecteur du site à l'ASN de Caen. Par bon sens, des anciens connaissant l'installation accompagnent les sous-traitants. Depuis, ces bâtiments ont été déclassés et remblayés. « Sauf le sous-sol de la STE ; le béton a été tellement gratté que les fondations ont failli s'effondrer. En les renforçant et en rabattant la nappe qui a débordé en 2000, on se demande s'ils ne l'ont pas contaminé », s'inquiète Chantal Cuisnier, du réseau Sortir du nucléaire. Quant aux déchets, une fois triés, ils sont mis en fûts, consignés et évacués vers les filières adéquates selon leur niveau de contamination (voir encadré). « L'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs ( Andra) est exigeante sur la constitution des colis, leur transport sous classe 7 et leur réception », précise Éric Zelnio. Lors de la dernière inspection, des fûts rouillés ont dû être reconditionnés. Si les déchets conditionnés avant la mise à l'arrêt du chantier continueront d'être évacués, le démantèlement de niveau 3 des échangeurs thermiques (1 300 tonnes de déchets) et du bloc réacteur, dont l'appel d'offres est bouclé, patienteront jusqu'au prochain décret, attendu dans deux ans.