Expression à la mode, le jardin filtrant est d'abord une marque : c'est le procédé exclusif de la société Phytorestore qui épure l'eau, les sols et/ou l'air grâce à de savants mélanges de macrophytes, ces végétaux aquatiques de grande taille (roseaux, typha, iris, saules, etc.). Mais cette expression est l'arbre qui cache la sauleraie. Filtres plantés de roseaux, bassins ou lits plantés, roselières, rhizosphère, lagunages, taillis à très courte rotation, Bambou assainissement de Phytorem... Comme le frigidaire ou la mobylette, le jardin filtrant finit par désigner tout cela à la fois. Le dénominateur commun est l'épuration biologique de l'eau à l'aide de macrophytes. En majorité des roseaux, dont la vertu première est de favoriser l'infiltration de l'eau dans le sol. Dans les petites collectivités rurales, les filtres plantés de roseaux ont réussi à s'imposer pour l'assainissement collectif. Car une fois la contrainte de place levée, leur capacité à traiter les eaux brutes et les boues ainsi que leur facilité d'exploitation ont conquis les élus. « Un véritable boum », commente Alain Liénard, ingénieur au Cemagref, pour qui le nombre de stations « plantées » a doublé depuis 2004 et avoisine aujourd'hui le millier. Mais les procédés à macrophytes s'adaptent également au traitement des eaux pluviales et, de ce fait, ont toute leur place dans la ville, pour peu qu'elle aménage un quartier durable. Des champs de roseaux pour traiter effluents industriels ou boues urbaines, des bassins filtrants pour stocker et traiter (voire réutiliser) les eaux pluviales des parkings, des routes, des parcs ou des ZAC, c'est possible, c'est tendance, et ça plaît aux aménageurs. « Le grand atout de ces ouvrages, c'est d'allier fonction technique et paysagère, souligne Grégoire Jost, chargé d'études chez Sinbio. C'est un marché porteur à une époque où l'eau et le vert sont remis en valeur dans la ville. »