Le 16 mars, à la raffinerie de Total, à Donges (Loire-Atlantique), lors du chargement d'un cargo à quai, une fuite dans une canalisation a entraîné le déversement de 400 tonnes d'hydrocarbures, dont une grande partie dans l'estuaire de la Loire. Un événement qui a donné un triste écho au cri poussé par l'association de défense de l'environnement, Robin des Bois. Quelques jours auparavant, elle avait, en effet, sorti un rapport qui ne recense pas moins de 561 marées noires survenues dans les eaux intérieures entre janvier 2004 et décembre 2007 ! Ce travail de compilation n'ayant été réalisé qu'à partir de la presse régionale, on peut penser que le chiffre est sous-évalué.
Les deux tiers de ces pollutions ont pu être identifiés et leurs origines sont très diverses. Elles sont souvent liées à des fuites dans les installations des entreprises, des établissements publics, mais aussi des particuliers. Le segment routier (10 %) qui regroupe les accidents de la route, les fuites des stations-service et les transporteurs routiers est aussi à pointer du doigt, tout comme celui des distributeurs et livreurs de fuel. Chaque étape de transfert des hydrocarbures représente, en effet, un risque potentiel de pollution. À Donges, par exemple, la vétusté des installations, le manque de maintenance et la lenteur de réaction ont été mis en cause par les élus locaux et Robin des bois.
Le dégazage des péniches et des bateaux de loisirs est aussi très important (6 %) et reste peu sanctionné, à l'inverse des dégazages pratiqués en mer qui sont sévèrement condamnés. Les propriétaires des bateaux ne sont pas les seuls responsables pour l'association Robin des bois, qui pointe le manque d'équipements mis à leur disposition dans les ports par Voies navigables de France, les cuves de stockages étant souvent saturées.
Pour que cette situation change, l'association a fait une proposition à l'occasion du Grenelle de l'environnement, qui semble avoir fait l'unanimité. Elle demande un effort d'information auprès des pollueurs potentiels et la mise en place de moyens de prévention adéquats. Les enquêtes administratives et les expertises doivent aussi être plus poussées pour identifier les responsables, estimer les impacts et faire un recensement national. Un tiers des pollutions est, en effet, d'origine inconnue. Enfin, Robin des bois réclame la spécialisation de plusieurs tribunaux de grande instance (TGI), à l'échelle du bassin hydrographique, afin que ces pollutions ne restent pas impunies et noyées dans les affaires hétéroclites que traitent les TGI. En somme, elles souhaitent un traitement comparable aux pollutions marines.
Cette fois encore, la balle est dans le camp du Ministère.