Après avoir amélioré la qualité de ses eaux de baignade en construisant la station d'épuration de la Grande Rivière en 1995, la ville de Saint-Malo optimise peu à peu son système de collecte. Elle doit pour cela répondre à deux enjeux : d'une part, la restructuration du réseau existant, unitaire à 48 %, par la construction d'un réseau séparatif pour les eaux usées et les eaux de pluie ; d'autre part, la diminution du volume d'eau salée se mêlant au flux à traiter. La seconde question est la plus complexe, car elle implique des entreprises immobilières et des particuliers. Pour prendre conscience de son ampleur, un chiffre est éclairant : dans les années 1990, 10 000 m3 par jour d'eau claire parasite marine et pluviale atteignaient la station d'épuration, soit autant que le volume d'eaux usées. Résultat, un fort taux de chlorures et une corrosion accélérée des équipements de traitement des eaux.
dispositions techniques
La première action de la collectivité pour lutter contre cette nuisance a été de modifier son propre réseau de collecte des eaux. Elle remplace, tronçon par tronçon, les canalisations poreuses par des canalisations en fonte PUX ou en plastiques thermodurcissables renforcés de verre (PRV). Dans le cadre de sa démarche qualité, elle exige de ses fournisseurs une garantie décennale sur l'étanchéité et les caractéristiques anticorrosion de leurs produits. Cela lui impose en retour de respecter les recommandations des fabricants ; ainsi, en mauvais terrain, Hobas, l'un de ses principaux fournisseurs de canalisations et de regards en PRV, recommande d'isoler les fondations du réseau à l'aide d'un géotextile.
Malgré ces efforts, « encore près de 16 000 tonnes de sel sont acheminées
chaque jour vers la station, et la situation semble empirer depuis 2005 », signale Jean-Luc Ohier, ingénieur principal Eau et Assainissement de la ville. Reste à convaincre les particuliers et les entreprises d'installer un cuvelage étanche sous les bâtiments et des tuyaux non-poreux de raccordement au système urbain de collecte des eaux, afin d'éviter d'y drainer des eaux saumâtres. Pour cela, la collectivité envisage de mettre en place une pénalité chlorure pour les nouvelles constructions qui ne prendront pas les dispositions techniques nécessaires. Tout est prêt pour l'appliquer, ne manque qu'une décision politique.