Mettre au point un mélange homogène, tel est le principal défi auquel ont été confrontés les ingénieurs de Degrémont. Leurs donneurs d'ordres, le Syndicat mixte du Dijonnais et Lyonnaise des eaux, souhaitaient mettre aux normes et étendre les capacités de la station d'épuration (de 250 000 à 400 000 EH), tout en conservant les fonctionnalités du four existant. Ce dernier consommait du fioul lourd pour brûler les boues issues de l'assainissement, ainsi que les graisses
produites par quelques entreprises et restaurants de la région.
Inversant le problème, Degrémont a alors proposé de se servir des boues et des graisses comme combustible pour faire fonctionner le four, permettant à l'exploitant de réduire sa consommation d'énergie fossile de 700 000 litres par an. « L'objectif était l'autothermicité du four. Sa mise en route s'est faite au gaz naturel, pour parvenir à une température minimale de 750 °C. Il est depuis alimenté par un mélange formé de boues traitées par déshydratation mécanique (environ 20 % de siccité), de boues séchées par la chaleur récupérée des fumées du four (90 % de siccité) et de graisses industrielles. En cela, Degrémont a dû s'adapter à la situation existante : puisque les graisses étaient déjà traitées par le four, il était souhaitable que cela continue. L'avantage est que cela apporte un PCI supplémentaire à notre mélange, puisque les boues séchées sont un combustible pauvre », explique Marcel Lesoille, ingénieur à la direction technique de Degrémont. En outre, une partie de la chaleur produite par le four servira à chauffer les bâtiments. « Le système, complètement automatisé, fonctionne en boucle », poursuit le spécialiste.
un Malaxeur spécifique
L'innovation proposée par Degrémont a exigé des adaptations techniques : en amont, il fallait que le mélange entre les boues sèches, les boues déshydratées et les graisses soit homogène. Cela a exigé la mise au point d'un malaxeur spécifique. En aval du four, pour être en adéquation avec les dernières normes, il a fallu adapter le traitement des fumées. D'une part pour les dépolluer avant leur rejet dans l'atmosphère, d'autre part pour récupérer leur énergie calorifique en vue d'alimenter le séchage. Une récupération quasi totale, alors que dans les systèmes à lits fluidisés elle est d'environ 50 %.
Autre priorité : assurer la flexibilité du couple four-sécheur. « Les boues séchées à Dijon peuvent être valorisées, non seulement dans le four, mais aussi par épandage. S'il y avait un surplus de boues, cette voie serait envisageable », explique Marcel Lesoille. Le four, d'une capacité de 1,6 t/h de matières sèches (10 000 t/an), traitera les boues de Dijon et
de la région qui l'entoure.