Alléger la pression croissante sur le devenir des boues d'épuration tout en utilisant leur pouvoir fertilisant, loin des chaînes alimentaires. C'est ce que pourrait permettre l'épandage des boues d'épuration sur des parcelles boisées cultivées, en cours d'expérimentation à travers le réseau Eresfor.
Jean-Michel Carnus, directeur de recherche à l'Inra de Bordeaux, rappelle que la France pratique déjà largement l'épandage, qui représente 60 % du devenir des boues, mais que le volume de ces dernières augmente constamment alors que, dans le même temps, les surfaces disponibles tendent à diminuer. L'épandage sur parcelles boisées est déjà largement utilisé dans le monde, notamment en Amérique du Nord, et il
pourrait permettre de trouver un débouché pour 50 % des boues et des résidus d'épuration sur seulement 1 % de la surface forestière française.
À TITRE EXPÉRIMENTAL
L'Inra, qui coordonne le réseau, a récemment publié les résultats de la première vague d'expérimentation en France, entre 1999 et 2006, dans un ouvrage de bilan et de synthèse distribué aux participants d'un colloque organisé à Paris. Il comporte également un guide des recommandations pratiques pour les expérimentations, qui seront amenées à se multiplier puisque la deuxième vague d'expérimentation a été décidée. L'objectif est désormais de préciser les observations effectuées lors du premier programme et de s'interroger sur les conditions dans lesquelles une telle pratique pourrait être inscrite dans la réglementation française. Un décret du 8 décembre 1997 autorise en effet cette pratique, mais uniquement à titre expérimental et avec une autorisation préfectorale.
Julien Bouillie, chef de projet à la direction technique de l'Office national des forêts (ONF) a rappelé les grands principes de cette technique, qui doit répondre à un besoin d'apport extérieur avéré. Il doit aussi pouvoir se faire avec des garanties élevées d'innocuité pour l'environnement et la santé, tout en étant bien accepté par le public et les différents acteurs locaux. Les analyses effectuées concernent très largement l'impact des boues sur l'environnement et la santé.
Le guide, publié à l'occasion du colloque du réseau Eresfor qui s'est tenu en octobre 2007, donne de nombreuses pistes pour améliorer le contrôle des effets de l'épandage. Il présente également les meilleures techniques d'épandage, en fonction du type de peuplement, du sol et de la situation géographique, tout en précisant les précautions à prendre pour favoriser la pénétration rapide dans le sol et éviter la dissémination par lessivage. Toutes les présentations du colloque sont disponibles sur le site du réseau Eresfor, ainsi que dans le manuel de référence.
Le réseau est très ouvert et toutes les propositions de nouveaux sites d'expérimentation sont bienvenues. La multiplication des exemples ne peut en effet que favoriser le passage à une pratique commerciale que les participants au colloque semblaient appeler de leurs voeux...