Même si le procès du naufrage de l'Erika a eu lieu il y a quelques mois, connaît-on réellement les conséquences écologiques de cette catastrophe ? Un programme gouvernemental a tenté de répondre à cette question, et ses conclusions sont résumées ici. Le fioul très lourd de l'Erika est moins toxique qu'un pétrole léger, comme celui de l'Amoco Cadiz, et les dégâts sont davantage dus à ses caractéristiques physiques (engluement) qu'à sa toxicité chimique. Néanmoins, la mortalité des oiseaux a été forte, probablement entre 350 000 et 400 000. La flore des côtes rocheuses et des falaises maritimes a été sévèrement touchée, dont plusieurs espèces rares, mais trois ans après, ces espèces n'ont pas régressé. Le nettoyage des plages était indispensable, mais fallait-il pour autant enlever 270 000 tonnes de sable souillé, pour seulement 30 000 à 40 000 tonnes d'émulsion (fioul et eau de mer mélangés) ? Les opérations de nettoyage ont davantage répondu à une logique touristique que d'environnement. Quant au sauvetage des oiseaux, fallait-il le poursuivre lorsqu'on sait que sur les 33 000 soignés, seulement 2 110 ont été relâchés (et bien moins ont réellement survécu) ? Dressant quelques pistes pour la gestion des futures catastrophes, l'auteur, Lucien Laubier, regrette notamment que l'expérience acquise à la fin des années 1970 lors de plusieurs marées noires ait été oubliée.