« Cela faisait longtemps que nous n'avions pas eu un colloque de ce type, en France, qui montre qu'il y a une prise de conscience de plus en plus grande de l'importance de la mesure par son impact sur les décisions, du moins du côté des experts », s'enthousiasme René Lalement, directeur de l'information sur l'eau à l'Onema. Il présidait la session « Qualité de l'eau », au cours de laquelle ont été présentés les types de mesures qui sont faites aujourd'hui, plutôt dans leur aspect qualitatif, avec une observation principale: on parle encore peu des incertitudes de mesure, alors qu'elles sont essentielles pour une utilisation raisonnée des données.
Difficile cependant de convaincre les décideurs d'utiliser des fourchettes plutôt que de simples chiffres, et il semble important que les experts apprennent à rendre leurs données utiles et les incertitudes utilisables. «Peut-être faudrait-il instituer un système de degré de confiance, comme le fait aujourd'hui la météo », indique-t-il, tout en rappelant que ce véritable saut de langage ne serait pas facile à effectuer.
Autre sujet de préoccupation également lié à l'incertitude: s'assurer que les mesures chimiques obtenues dans les vingt-sept pays de l'Union européenne sont de qualité comparable. Philippe Quevauviller, de la DG environnement de la Commission européenne, insiste sur l'importance d'établir des règles de validation et de contrôle de la qualité des analyses chimiques maintenant que les États membres ont dû mettre en place un réseau de mesures opérationnel. « Il existe des normes, mais elles ne sont pas contraignantes sur le plan légal. Nous supposons que les laboratoires sont validés, mais il est important d'éviter que les données de surveillance chimique soient entachées d'erreurs, souligne Philippe Quevauviller. Un projet de directive européenne a ainsi été présenté au vote le 15mai et accepté. On y rappelle les textes existants, et notamment la norme ISO 17025 qui indique que les méthodes d'analyse
doivent être validées et que les laboratoires doivent participer à des tests. »
pas de recettes de cuisine
Le texte sera soumis au Parlement, qui a ensuite trois mois pour formuler des observations. L'adoption finale pourrait donc avoir lieu vers la fin de l'année. « Aujourd'hui, il est difficile de savoir si les données recueillies par les réseaux finalisés en 2007 sont valides ou non, notamment pour les douze nouveaux arrivants. La motivation est un facteur important, mais il faut également qu'il y ait une base de travail commune pour les normes environnementales, qui comprennent la notion d'incertitudes, dont le calcul n'est pas harmonisé aujourd'hui », rappelle Philippe Quevauviller. Il ajoute que le texte présenté le 15mai ne propose pas de « recettes de cuisine », mais donne des définitions qui reprennent ce que certaines normes contiennent déjà afin d'indiquer une direction à prendre. « Ce texte permettra d'établir une base commune pour la validation des méthodes d'analyse, qui pourra le cas échéant être relayée par les organismes de normalisation », ajoute-
t-il. Optimiste, il prévoit que l'effet harmonisateur des textes et la pratique permettront alors de résoudre les difficultés liées à la surveillance imposée par la DCE.