En Île-de-France, c'est un réseau de 500 km d'émissaires qui permet au Syndicat intercommunal d'assainissement de l'agglomération parisienne (Siaap) de transférer les eaux usées vers les stations d'épuration. Pour en garantir l'efficacité, il doit régulièrement procéder à leur inspection et à leur nettoyage.
C'est le cas, depuis février, de la partie amont de l'émissaire Sèvres-Achères branche Rueil (SAR), qui subit sur 6,5 km une opération de curage et de diagnostic entre Issy-les-Moulineaux et Saint-Cloud. En général, la fermeture de l'ouvrage entraîne, après avoir réalisé une étude d'impact, le relargage d'une partie des eaux non traitées dans le milieu naturel. Mais, lors du dernier curage de la partie aval du SAR en 2006, les protestations des riverains et des associations ont été telles que le Siaap a dû revoir sa copie. La majeure partie des 80 000m3/j transitant par le SAR a été redirigée vers un autre
émissaire, mais il restait entre 800 et 1 200 m3/j
d'effluents arrivant par une conduite dans l'émissaire SAR. Ils sont désormais pompés et envoyés vers une ministation d'épuration d'une capacité de 3 000EH installée sur place par Sol Environnement, une première en France. Les effluents subissent alors plusieurs traitements classiques : dégrillage, dessablage, traitement physico-chimique et décantation.
Pour préserver les riverains d'éventuelles nuisances de fonctionnement, les cuves de traitement sont fermées et les pompes de vidange n'opèrent que durant la journée.
Par ailleurs, le chantier d'entretien du SAR-amont a donné lieu à une autre innovation, la réalisation d'un prototype d'engin de curage. Conçue par la société Bessac, filiale de
Sol Environnement, cette machine associe une cureuse et un marineur pouvant travailler séparément et en continu. La cureuse racle le sol de l'émissaire avec une lame adaptable et envoie les résidus dans une trémie de stockage. Un tapis roulant les redirige ensuite vers une benne prise en charge par le marineur qui effectue des allers-retours. L'association de ces deux engins permet de ne pas interrompre le curage et le gain de temps escompté peut atteindre 20 %. S'élevant parfois à une hauteur de 60cm, la quantité de sédiment est estimée à environ 1 500tonnes et, après un traitement granulométrique, plus de 80 % du sable récupéré est valorisé.
Cette opération de curage est le premier chantier vert du Siaap. Son coût: la location et l'exploitation de la ministation d'épuration pour toute la durée des travaux (cinq mois) s'élève à 460 000€, soit un quart du coût du chantier (2M€ au total). En s'appuyant sur les bilans financier, environnemental et technique de cette opération, Sol Environnement, propriétaire du matériel, espère convaincre également d'autres syndicats d'assainissement d'adopter cette démarche.