Quelle vision avez-vous de l'eau ?
Le jardinier que je suis porte attention aux questions liées à la vie. Pour moi, l'eau est précieuse, tant elle constitue un substrat biologique fondamental. Par ailleurs, elle est toujours en même quantité sur la planète. Elle ne s'épuise pas, mais se répartit différemment. Ce qui est très dangereux, c'est donc d'y introduire des poisons, car l'eau est l'un des vecteurs principaux. Elle est présente dans tout le vivant, des plantes aux animaux, à l'homme et même dans l'air.
Quelle place peut-on lui donner en milieu urbain ?
Je suis toujours surpris par la phobie liée à l'eau : l'eau qu'il faut cacher, canaliser, évacuer, particulièrement en ville où les rivières ont été recouvertes, bouchées ou transformées en égouts. Heureusement, les mentalités commencent à évoluer. Dans le 9e arrondissement de Lyon, par exemple, nous avons remis à jour des rus tout petits, mais réguliers. Il est difficile de retrouver leur système biologique et mécanique, mais il est préférable de remettre ces rivières à l'air libre, pour y permettre la vie et y intervenir plus facilement.
La nature a de plus en plus de raisons d'exister dans la ville et le tissu urbain. Et je crois vraiment que la diversité est compatible avec la ville - comme nous le montre la qualité du miel qui est produit à Paris - alors que, dans certaines campagnes, et notamment dans les plaines, les abeilles ont disparu à cause des pesticides et de cette agriculture dévastatrice.
Il faudra changer. Nous n'avons pas intérêt à polluer le bain dans lequel nous nageons. Mais pour que les choses changent et pour redonner une place à l'eau dans la ville, il faut l'inscrire dans un projet politique. Et, hélas, ceux-ci sont rares.