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Former MARCHE FORCÉE

LA RÉDACTION, LE 1er JUIN 2008
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Les objectifs du Grenelle de l'environnement resteront lettre morte sans une formation massive des professionnels du bâtiment à l'efficacité énergétique. L'article 6 de la loi-cadre Grenelle 1, récemment présenté en Conseil des ministres, prévoit le lancement d'un « programme de formation professionnelle ». Celui-ci pourrait être financé tout ou partie grâce aux certificats d'économie d'énergie (CEE). Le texte Grenelle 2 devrait apporter plus de précisions. Mais « Il faut s'attaquer d'abord et immédiatement à la formation continue », préconise Alain Maugard, président du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) et du Comité opérationnel bâtiments neufs (n° 1). Le rapport du 14 mars du groupe de travail du Grenelle relatif à la mobilisation des professionnels du bâtiment estime que 15 000 recrutements supplémentaires seront nécessaires chaque année pour satisfaire les nouvelles exigences en matière de construction et de rénovation. La moitié, soit 7 500, sortant directement de l'école ou d'une formation en alternance dont le secteur est friand. Cela ne se traduira cependant pas forcément par une inflation du nombre d'élèves ou d'apprentis. Plus de la moitié des personnes sortant d'une formation initiale en bâtiment bifurquent en effet vers d'autres voies, ou se retrouvent au chômage. Il apparaît donc indispensable de renforcer l'attractivité du secteur. Dans les colloques parisiens, on espère que le virage environnemental en train d'être pris séduira à la fois les jeunes et les femmes. Sur le terrain, on reste prudent. « Nous avons peu de demandes spontanées concernant le bâtiment. Une des difficultés de ce secteur sous tension est d'attirer les jeunes et de les conserver », témoigne Arielle Giraud, chargée de mission à l'Office national d'information sur les enseignements et les professions (Onisep). Cependant, à supposer que davantage de jeunes soient orientés vers les métiers du bâtiment, pas sûr que la formation initiale soit rapidement à niveau... Les structures compagnonniques se sont bien emparées de la question (lire encadré p. 24), mais elles forment et perfectionnent dix fois moins de jeunes que les centres de formation pour apprentis (CFA) traditionnels. « Les CFA (...) ont le quasi-monopole de la formation aux métiers de plombier-chauffagiste, électricien, couvreur ou maçon, désormais chargés de la mise en oeuvre des énergies renouvelables. (...) Les enseignements dispensés restent cantonnés dans une approche très traditionnelle de ces métiers. La faiblesse de l'engagement des acteurs publics ou parapublics (...) est à souligner », constate une étude1 menée par des sociologues du CSTB à la demande de l'Ademe. Notons cependant que les CFA préparent aux diplômes de l'Éducation nationale. Or, ceux-ci peinent à évoluer rapidement. « Les Comités professionnels consultatifs (CPC, instances partenariales qui décident de créer, supprimer ou rénover un diplôme, NDLR) créés en 2007 mériteraient de recevoir les moyens d'agir », note ainsi le rapport précédemment cité. « L'orientation actuelle de l'Éducation nationale ne semble pas compatible avec les exigences du Grenelle. Ce n'est pas une "résistance du mammouth" - l'Inspection générale de l'Éducation nationale est éminemment consciente de l'enjeu - mais plutôt une question de priorité budgétaire », abonde un fonctionnaire. De son côté, l'enseignement supérieur a pris un peu d'avance. Les écoles d'ingénieur intègrent de plus en plus la notion de développement durable, et notamment d'efficacité énergétique, à leur cursus, que ce soit au travers de modules de sensibilisation ou plus transversalement. Les architectes s'y mettent également sérieusement, du moins en termes de formation continue : « Nous ne pouvons pas actuellement sanctionner un architecte qui ne se forme pas, mais nous sommes en train de mettre en place un système de déclaration volontaire de formation fortement incitatif. Chaque architecte capitalisera ainsi des points sur sa carte professionnelle », explique Lionel Dunet, président du Conseil national de l'ordre des architectes. Lenteurs initiales Mais ingénieurs, notamment en bureaux d'études thermiques, et architectes devront d'abord apprendre à travailler main dans la main. Une évolution que devrait faciliter la multiplication récente des doubles cursus ingénieur-architecte. Enfin, n'oublions pas les différents intervenants de la maîtrise d'ouvrage « qui doivent être au minimum sensibilisés à la conception bioclimatique », comme le souligne Hélène Andrault, responsable du pôle formation du CSTB. C'est cependant dans la formation continue des salariés des entreprises du bâtiment et des artisans que réside le principal enjeu. Ne serait-ce que parce qu'ils sont les plus nombreux : 1,5 million contre 60 000 architectes ou 175 000 ingénieurs (voir Repères ci-contre). Dans un premier temps donc, la formation continue va devoir mettre les bouchées doubles. Le groupe de travail Mobilisation des professionnels a ainsi estimé à 212 500, le nombre de personnes à toucher annuellement. Ce qui reviendrait à presque doubler l'effort actuel. Alors, comment sensibiliser puis former ces troupes armées de truelles et de chalumeaux le plus rapidement possible ? Depuis le début de l'année, le nombre de formations courtes à l'écoconstruction et à la maîtrise de l'énergie, explose. L'offre reste cependant encore très éclatée, et donc peu lisible. Une initiative sort cependant du rang : le dispositif Feebat2 qui s'adresse aux entreprises et artisans, dans une optique de rénovation. Mis en place par l'Association technique énergie environnement (ATEE), il est soutenu par les pouvoirs publics et cofinancé par les fournisseurs d'énergie grâce au système des certificats blancs (CEE). Depuis décembre dernier, 78 structures ayant répondu à un appel d'offres national dispensent ces stages de deux jours. Objectif affiché : former 50 000 personnes d'ici à la fin de l'année prochaine. Un début... Au total, près de 3 500 devraient avoir rejoint la garnison d'ici à la fin du mois. Une cadence à accélérer et une promotion, déjà soutenue, à intensifier ! Pas évident cependant d'attirer en masse des professionnels, qui se forment traditionnellement peu, voire pas du tout, qui plus est quand les carnets de commande sont pleins (à sept mois en moyenne). « Nous ne pouvons pas continuer à travailler comme ça pendant des siècles. Il faut impérativement que nous nous remettions à niveau », exhorte cependant Christian Couturaud, de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) d'Ille-et-Vilaine. Et pour motiver ses troupes, la Capeb a même récemment créé un label « Eco-artisan ». « La quasi-gratuité du dispositif devrait encourager les inscriptions », espère en outre Patrick Bayle, directeur délégué au marketing d'EDF. Autre élément d'incitation : l'organisme de qualification et de certification Qualibat délivrera dès le mois prochain une mention complémentaire aux entreprises dont au moins un salarié sur dix aura suivi la formation Feebat (ou d'autres du même type à venir) et créera une certification Rénovation énergétique d'ici à la fin de l'année. La bataille continue Les deux premiers modules Feebat formeront les entrepreneurs à une approche, et donc à une offre, énergétique globale en mêlant à chaque fois les différents corps de métier. « Tous les acteurs de la filière doivent désormais connaître le fonctionnement thermique d'un bâtiment. Avant de peindre un plafond, un peintre doit, par exemple, se poser la question de son isolation », illustre Louis Hatte, gérant de la SARL Bâtir 2050. « Chacun doit comprendre l'impact de son métier et celui des autres sur la performance énergétique du bâti. La relation avec le client doit intégrer cette nouvelle donne », renchérit, Cécile Richard de la Fédération française du bâtiment (FFB) d'Île-de-France. « La gestion de l'interface entre les différents métiers, par exemple entre menuisiers et maçons sur l'étanchéité d'une fenêtre, est également un enjeu important », note Yannick Papaix, chargé de mission Mobilisation des professionnels du bâtiment à l'Ademe. Or, même dans les entreprises générales, cette gestion n'est pas toujours exemplaire... Le troisième module Feebat, très prochainement disponible sera, quant à lui, décliné par groupe de technologies : isolation, ouvrants et fermeture, ventilation, chauffage, eau chaude sanitaire... Mais Feebat n'est qu'une première étape. Tous les acteurs de la formation professionnelle vont devoir se retrousser les manches. Les Régions sont déjà au front. « Elles n'hésitent pas à investir dans des actions exemplaires (...). De nombreuses expériences sont menées avec succès, notamment en Rhône-Alpes, Pays de la Loire, Aquitaine, Languedoc, Franche-Comté, Centre, Nord-Pas-de-Calais, Alsace, etc. L'État pourrait soutenir ces efforts en abondant les dépenses des Régions dans ces domaines », glisse le rapport Mobilisation des professionnels. Les chambres de métiers et de l'artisanat occupent également une position stratégique, notamment pour atteindre les nombreux professionnels adhérents d'aucune fédération. Celle du Nord-Pays-coeur-de-Flandre a été primée en avril, à l'occasion de la cinquième édition des Initiatives de l'économie pour son programme de formation des artisans à l'écoconstruction. Elle a formé gratuitement, en partenariat avec l'Association nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa, lire encadré p. 23), plus de 300 stagiaires de tous corps d'état entre septembre et juin. Un voyage d'étude est également prévu début juillet. « Les suites données à cette action dépendent maintenant du bilan que nous allons en tirer avec le Pays et la Région, nos financeurs », explique Éric Deschamps, le responsable communication. Saluons également l'initiative de la chambre de Meurthe-et-Moselle, qui utilise le chantier des futurs locaux passifs de son Centre national d'innovation pour le développement durable et l'environnement dans les petites entreprises (Cnidep) à des fins pédagogiques (lire EM 1666 p. 14). Les fabricants se mobilisent également via leurs propres centres de formation et les actions d'accompagnement de leurs fédérations respectives. Celle des tuiles et briques (FFTB), par exemple, a diffusé dans tous les CFA de France un cédérom pédagogique sur la brique à joint mince. « Nous mettons, pour une journée, un démonstrateur à disposition des maçons qui débutent un chantier en monomurs », ajoute Hervé Pétard, responsable développement briques. Reste une catégorie d'ouvriers très difficile à atteindre, mais qu'on ne saurait oublier : celle des travailleurs irréguliers, étrangers ou non. Une stratégie possible : s'appuyer sur les réseaux de négoce, lieu de passage obligé de presque tous les professionnels. « Le Club de l'amélioration de l'habitat a développé un projet dans ce sens. Il est en attente de financement », nous apprend Yannick Papaix. La mobilisation des états-majors semble donc acquise. Mais la bataille des fantassins est loin d'être gagnée. D'autant que la mécanique risque de se gripper si la formation des formateurs ne suit pas la cadence. L'Ademe, en partenariat avec l'Éducation nationale et des Régions, l'Afpa ou encore l'association Qualit'ENR se sont bien engagés sur le sujet mais, là aussi, l'effort de guerre doit s'intensifier. La bonne volonté de quelques pionniers aux emplois du temps déjà bien remplis ne suffira bientôt plus... On espère donc que le plan de bataille promis sera à la mesure de l'enjeu.


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