Qu'en beau jargon cela est dit : le comité d'approbation des investissements vient de « valider l'opportunité de la mise en place de la géothermie sur l'aéroport de Paris-Orly », afin d'assurer 20 à 25 % de ses besoins de chaleur. Soit la dernière étape avant la décision définitive. « Une partie de notre chauffage est déjà renouvelable, puisqu'il est assuré par l'eau chaude produite par l'incinérateur de Rungis, qui assure 15 % de nos besoins », rappelle Patrice Hardel, directeur de l'aéroport d'Orly. C'est pourquoi la plate-forme dispose déjà d'un réseau de chaleur pour acheminer cette eau chaude, qui sera aussi utilisé pour la chaleur géothermale. Le complément de chauffage restera assuré par le gaz naturel.
Deux puits d'une profondeur de 1 700 mètres, distants d'un kilomètre, seront creusés en 2010. Ils descendront jusqu'à la vaste nappe du Dogger, qui alimente déjà de nombreuses installations géothermiques en région parisienne, représentant plus de 150 000 équivalents-logements. L'un des puits servira à pomper une eau entre 70 et 75 °C. Une fois refroidie à 45 °C, elle sera réinjectée par le deuxième. En effet, l'eau de la nappe est trop salée et contient trop de matières soufrées pour être utilisée telle quelle : elle sert à chauffer l'eau sanitaire, puis retourne dans son milieu. Aéroports de Paris (ADP) estime pouvoir exploiter un débit de 250 mètres cubes par heure, ce qui lui permettrait d'économiser environ 40 GWh de gaz par an.
Cette géothermie profitera à l'aéroport lui-même, mais pas uniquement : Air France, plusieurs hôtels, la gare de fret ainsi que plusieurs sociétés privées, en bénéficieront. Sans oublier le futur quartier d'affaires de l'aéroport, baptisé Coeur d'Orly, qui comptera 160 000 mètres carrés de bureaux, commerces, un hôtel et un centre de congrès. Son ouverture est programmée en 2011. « Ces bâtiments sont prévus pour être chauffés par de l'eau à basse température, indique Patrice Hardel. L'eau chaude géothermique ou provenant de l'incinérateur chauffera d'abord les aérogares, puis, légèrement refroidie, elle servira à Coeur d'Orly. » Le réseau de chaleur existant sera complété pour desservir ce nouveau complexe immobilier. L'aéroport en restera l'exploitant.
On n'attend plus que la décision finale. Les études détaillées vont commencer cet été et dureront jusqu'en novembre. Parallèlement, ADP étudie l'adaptation de ses terminaux à la chaleur à basse température (75 °C au lieu de 100 °C actuellement). Au début de l'année prochaine, des consultations seront lancées afin de choisir les entreprises spécialisées dans les forages, les échangeurs, les pompes... « L'organisation de ce projet est complexe : les équipements de forage doivent être réservés à l'avance, des tubes spéciaux sont réalisés en titane, etc. », souligne Patrice Hardel. Le forage lui-même ne prendra que quatre à six semaines. Si tout se passe comme prévu, la mise en service interviendra début 2011.