Deux sujets de recherche ont été présentés par Denis Mangin, chercheur à l'université de Lyon 1 : l'un portant sur le dessalement et l'autre concernant les phosphates.
Le premier, conduit dans le cadre d'une action intégrée financée par le Comité mixte franco-marocain, est le plus innovant : il explore un nouveau procédé de production d'eau potable par cristallisation de l'eau de mer sur paroi froide. La saumure enrichie en sel, qui ne congèle pas, est évacuée et la glace est purifiée par réchauffement très progressif : seule l'eau en contact avec des impuretés fond et est évacuée. Ce qui reste peut être fondu et consommé. Ce procédé est aussi coûteux énergétiquement que l'osmose inverse, mais les coûts d'investissement et de fonctionnement sont plus faibles. Comparé à la distillation, cette nouvelle technique devrait permettre d'économiser de l'énergie et des frais de fonctionnement, avec moins de problèmes de corrosion et d'entartrage. Enfin, ce procédé convient particulièrement aux unités de petite taille. Reste aux chercheurs à bien analyser les phénomènes d'inclusion des sels dans la glace, dont dépend la pureté finale de l'eau.
Deuxième thème, la récupération des phosphates dans les boues des stations d'épuration. Il s'agit d'installer, après la digestion anaérobie des boues, un réacteur pour précipiter les phosphates sous forme de struvite (MgNH4PO4, 6H2O). Après récupération, ce composé peut être utilisé pour la fabrication d'engrais. Cela permet aussi d'éviter une précipitation inopinée, qui altère l'exploitation des stations en bloquant les canalisations. Les chercheurs travaillent à intensifier le procédé de précipitation, car les niveaux de concentration en phosphates sont faibles. Ils mettent au point un réacteur semi-continu original, composé d'une zone agitée surmontée d'une zone de décantation ; un pilote a permis de récupérer 70 à 80 % du phosphate présent.
Pour répondre à une autre forme de pollution, des chercheurs de l'Insa de Toulouse se penchent sur l'élimination des nanoparticules présentes dans les milieux aqueux. Ils étudient pour l'instant trois nanoparticules : la silice colloïdale, l'oxyde de titane et les particules d'or. Deux types de traitement sont testés : la coagulation (qui implique l'emploi de sels) et la flottation, cette dernière utilisant des microbulles d'air pour fixer les nanoparticules. L'utilisation concomitante de ces deux procédés est donc envisagée afin d'éliminer le maximum de nanoparticules en utilisant le minimum de produits chimiques.
Enfin, des chercheurs de l'université de Provence menés par Philippe Knauth et Jean-Luc Boudenne ont développé, en partenariat avec la Société des eaux de Marseille (Sem), un analyseur automatisé qui trouvera son application dans les stations de production d'eau potable. Il s'agit de mesurer in situ et en continu la teneur en fer et en aluminium de l'eau. L'échantillon à analyser percole à travers une colonne comportant une résine semi-spécifique qui séquestre l'aluminium et le fer. Les dosages sont effectués par spectrophotométrie. Cet analyseur doit permettre aux exploitants de régler en temps réel leur utilisation de sels d'aluminium et de fer. Il a été validé durant dix-huit mois dans les usines de la Sem.