Les principaux problèmes liés à la
présence de polluants organiques polaires dans les cours d'eau européens sont la persistance des polluants et la faiblesse de la
surveillance des contaminants émergents. Telles sont les conclusions d'un groupe de chercheurs, menés par le Joint Research Center
européen, suite à 122 prélèvements faits en automne 2007 dans 100 cours d'eau de taille variée s'écoulant dans 27 pays (1).
Parmi les molécules le plus souvent rencontrées, figurent des substances antirouille (Benzotriazole, Tolytriazole), la caféine, la carbamazépine (une substance utilisée pour traiter l'épilepsie) et l'acide nonylphénoxy-acétique, un produit de dégradation de surfactants industriels. Les chercheurs ont noté une faible concentration de pesticides, peut-être en raison de la période de prélèvements choisie : en automne, peu de pesticides sont utilisés.
L'étude a aussi souligné que les rivières contenant les concentrations les plus élevées en acide perfluorooctanique (AFPO), une substance cancérigène persistante dont l'interdiction est en cours dans l'Union européenne, étaient le Po (Italie), le Danube, le Scheldt (Belgique et Hollande), le Rhône (France) et le Wyre (Royaume-Uni). Les concentrations en sulfonate de perfluorooctane (SPFO), qui pose les mêmes problèmes et a été interdite, étaient similaires mais mieux distribuées en Europe.
Seuls onze prélèvements sur les 122 ont montré une quasi-absence des produits chimiques visés par l'étude. Les cours d'eau les plus propres se trouvaient dans les zones les moins peuplées, en Estonie, en Lituanie et en Suède.
Parallèlement, les mêmes chercheurs ont mis au point une méthode pour mesurer la présence dans les échantillons d'eau de sucralose, un substitut au sucre synthétisé à partir d'une chloration sélective du saccharose. Persistante dans l'environnement, cette molécule est ajoutée dans les sodas et les produits alimentaires depuis 2005 en Europe ; ils ont conclu qu'elle se retrouve dans l'eau à des concentrations atteignant parfois 1 mg/l.