La Société hydroélectrique du Midi ( Shem) vient de tester, sur la retenue du barrage de Castet, dans les Pyrénées-Atlantiques, un procédé de curage innovant. Le système, qui fonctionne par association de procédés existants, est directement importé des États-Unis par la société Némeau, installée dans le Gers. Il s'agit en fait d'une drague aspiratrice guidée par GPS. Celle-ci pompe, là où l'opérateur positionne sa barge, un mélange d'eau et de vase. Ramené sur un sol étanche installé sur la berge au moyen de tuyaux flottants, celui-ci est ensuite filtré dans des géotubes de 18 mètres de long avec injection de floculant. Au bout d'une semaine, le matériau est alors suffisamment sec pour être pelletable. Le circuit fermé du système permet en outre de renvoyer l'eau filtrée dans la retenue, soit par gravitation, si la disposition des lieux le permet, soit à l'aide d'une pompe. « L'opération n'est évidemment faisable qu'après avoir réalisé en amont une topographie du fond par ultrasons. Cela afin d'évaluer le volume des sédiments et leur localisation », précise Éric Fraysse, directeur de Némeau.
IMPACT ENVIRONNEMENTAL NETTEMENT LIMITÉ
Par rapport aux méthodes traditionnelles, qui ont le plus souvent recours à des pelles mécaniques, ce procédé a pour principal avantage d'avoir un impact environnemental limité. Notamment parce qu'il permet de travailler en eau, c'est-à-dire sans avoir à vider la retenue. « C'est un atout significatif lorsque l'on sait que, soucieuse de leurs effets négatifs sur le milieu, la police de l'eau est de plus en plus réticente à nous autoriser les vidanges dans le cadre de l'exercice de nos obligations de surveillance, de contrôle et d'entretien de nos ouvrages », note Éric Domps, directeur de la stratégie industrielle de la Shem.
Mais le système est intéressant parce qu'il permet aussi de poursuivre l'exploitation des installations pendant toute la durée des opérations qui peuvent évidemment s'étendre sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois. « Les chantiers de curage ne sont plus contraints. Il est possible de les commencer tôt dans la saison et de les faire durer aussi longtemps que nécessaire. Dans le cas du barrage de Castet, il a continué, pendant les quatre semaines qu'a duré l'opération, à produire de l'électricité et à jouer son rôle de démodulation du Gave », se félicite Éric Domps.
Le procédé n'est toutefois pas adapté à toutes les situations. D'abord il n'est réalisable que sur des fonds inférieurs à 6 mètres. Ensuite, il ne permet d'aspirer que la vase, à l'exclusion du gros gravier ou des galets. Il peut aussi se heurter à la présence de souches ou de branches. Sans compter que son utilisation est tributaire de la configuration du site. « Il faut qu'il existe un accès praticable au plan d'eau, capable d'accueillir le passage du semi-remorque chargé du transport du matériel. Et ce n'est pas toujours le cas », insiste Éric Domps. D'ailleurs, la Shem n'a pas encore finalisé son programme d'entretien pour 2010 pour cette raison. Elle entend d'abord étudier site par site les possibilités de recourir au nouveau système Némeau.
Côté financier, la Shem reconnaît que le procédé est très significativement plus onéreux qu'une opération de vidange/curage, mais estime que l'enjeu environnemental en vaut la chandelle.