Claude Bernhard s'identifie si bien à l'Engees qu'il en partage l'âge : l'école strasbourgeoise et son directeur fêtent tous deux leurs 50 ans en 2010 ! Mais cette année, un autre événement résolument tourné vers le futur importe tout autant à cet ancien diplômé de l'établissement : la labellisation du pôle de compétitivité « Hydreos, le pôle de l'eau Alsace-Lorraine ». L'Engees entend y jouer un rôle pivot, que légitiment à la fois l'importance de la formation et son propre statut, unanimement reconnu, d'école française de référence de l'hydraulique urbaine.
La reconnaissance par l'État vient consacrer un « esprit de pôle qui fonctionnait déjà », selon Claude Bernhard. Le périmètre interrégional a aidé l'école à intensifier les relations avec des acteurs lorrains qui ne lui étaient toutefois pas inconnus. Son directeur cite ici Nestlé Waters dans ses actions de protection de la ressource, Saint-Gobain PAM ou encore les facultés de médecine et de pharmacie de Nancy dans la thématique eau et santé.
Si la démarche de constitution du pôle a occasionné une découverte, ce serait plutôt celle de la richesse de contenu de l'école par son environnement extérieur. Non que l'Engees vive recluse dans ce quartier plus que centenaire du centre de Strasbourg, mais, de façon assez inexpliquée, les élus et autres non-initiés la citaient moins spontanément au rang des écoles d'ingénieurs qui participent au rayonnement de la ville et de la Région Alsace. Alors que sa réputation, ses thématiques, sa taille - avec 450 étudiants, 30 enseignants-chercheurs à demeure sans compter les unités mixtes de recherche - lui donnent toute sa place.
Claude Bernhard lui-même a beaucoup oeuvré à l'ouverture de l'école dont il a été directeur des études dans les années 1990, après un début de carrière à l'Engref et au Cemagref, puis à la communauté urbaine de Strasbourg comme directeur adjoint du service eau et assainissement. Depuis son arrivée en 2003, l'établissement a confirmé son rapprochement avec l'université de Strasbourg jusqu'à le parachever en 2007 par le statut d'école externe rattachée. Il a développé la formation continue qui attire désormais quelque 800 stagiaires par an, et a poursuivi la diversification de ses débouchés hors la fonction publique d'État comme de ses filières qui ont été élargies notamment à deux licences professionnelles.
Ouverte vers l'étranger, l'Engees l'est depuis son origine : la formation de futurs cadres des anciennes colonies françaises devenant indépendantes constitue l'une des raisons de sa création en 1960. « La proximité avec les pays du Sud reste forte, en témoigne notre contribution à la naissance l'an prochain d'une université scientifique et technologique à Hanoï et d'une école de l'eau et de l'assainissement à Haïti, au sein du réseau de la coopération. Mais nous souhaitons dans le même temps rééquilibrer nos relations vers les pays du Nord », indique le directeur. Les relations se nouent en conséquence avec l'Allemagne, l'Espagne, la Grande-Bretagne ou encore le Canada.