De nombreux acteurs de l'eau utilisent des marqueurs et des essais biologiques pour l'évaluation de la qualité d'un milieu aquatique. Ils permettent de comprendre comment divers types de pollution peuvent affecter l'environnement et fournissent également de précieux outils d'alerte. Pourtant, ils ne sont pas inclus dans la réglementation européenne visant à la surveillance des milieux aquatiques. Afin de faire un point sur la situation scientifique et réglementaire, l'Ineris a accueilli en novembre dernier, dans ses locaux de Verneuil-en-Halatte (Oise), un séminaire national organisé avec l'Onema et l'Ifremer. Cette journée était consacrée au développement et à la validation des biomarqueurs et des bioessais pour la surveillance des milieux aquatiques.
Au cours du séminaire, des exemples français et internationaux d'utilisation et de développement de ces outils d'analyse biologique ont été présentés. L'objectif était à la fois d'identifier quels étaient les domaines d'application et les modes de mise en oeuvre de ce type d'outils, mais également de déterminer les blocages, scientifiques et techniques, qui empêchent leur développement et leur diffusion.
MANQUE DE RÉPÉTABILITÉ
Les spécialistes présents ont par exemple indiqué qu'il existait, pour caractériser les effluents, plusieurs bioessais in vivo, reconnus et normalisés, et divers tests cellulaires in vitro qui manquent cependant encore de répétabilité et ne sont pas normalisés. Les efforts nécessaires pour améliorer leur fiabilité seront peut-être dopés par des enjeux nouveaux telle la révision, en 2012, de la redevance pour la pollution non domestique. Les biomarqueurs, de leur côté, ont été identifiés comme des outils particulièrement utiles dans les systèmes d'alerte et d'analyse des impacts de divers polluants. EROD, acetylcholinestérase ou vitellogénine ont fait l'objet de nombreux travaux de recherche. « Ces approches ont connu un fort développement dans les années 1990 et sont désormais largement utilisées par le biais de ce qui peut désormais être de véritables batteries de tests », a souligné Olivier Perceval, spécialiste en écotoxicologie à l'Onema. Pour la très grande majorité, les méthodes de mesure ne sont pas encore normalisées, ce qui nécessite donc de multiplier les données pour optimiser leur interprétation. Par ailleurs, ils varient largement d'un environnement à un autre et les experts estiment qu'il faudra sans doute avoir recours à des tests évaluant de manière locale la réponse biologique normalisée, selon des seuils régionaux.
DISPERSION DES EFFORTS
D'une manière générale, les participants ont noté la grande dispersion des efforts de recherche et développement, avec une multiplication des biomarqueurs et des méthodologies associées qui sont finalement difficilement utilisables en dehors d'un contexte très spécifique. Des efforts de mise en réseau des données et de partage d'expérience tels qu'Aquaref en France ou Norman à l'échelle européenne pourraient conduire vers des outils validés et normalisés à inclure dans la prochaine directive-cadre eau.