Dans un contexte où l’efficacité énergétique et la transition écologique s’imposent comme des priorités, la récupération de chaleur sur les eaux usées s’affirme comme une solution innovante et redoutablement efficace. Focus sur Evolsys, entreprise française à la pointe de cette technologie, lauréate de la première édition de l’appel à projets Énerg’Innov, organisé par le Syndicat intercommunal pour le gaz et l’électricité en Île-de-France (SIGEIF) en partenariat avec Impulse Partners.
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Ce gisement reste pourtant largement inexploité. En France, près de 2 millions de mètres cubes d’eau chaude sanitaire sont consommés chaque jour, offrant un potentiel colossal pour capter et valoriser l’énergie thermique contenue dans ces eaux usées.
C’est en 2011 que le cofondateur d’Evolsys, Jean Sobocinski, venu du secteur du solaire thermique et photovoltaïque, s’intéresse à cette opportunité. Très vite, il identifie le potentiel de récupération d’énergie déjà présente dans l’air et dans l’eau. Il lance Evolsys en 2016 avec une vision claire : développer des solutions passives, performantes et sans systèmes complexes de pompage.
L’échangeur passif, cœur de la technologie Evolsys
Evolsys se concentre exclusivement sur la valorisation énergétique des eaux usées, sans s’engager dans leur recyclage. L’objectif est simple : éviter que des eaux chaudes soient gaspillées en rejoignant les égouts et, à la place, utiliser cette chaleur pour préchauffer l’eau froide entrant dans le bâtiment. L’approche se déploie à l’échelle du bâtiment ou d’un processus spécifique, mais pas sur de vastes réseaux de chaleur, car l’énergie contenue dans les eaux usées se dissipe rapidement tout au long du cycle de l’eau.
Le principe technique repose sur un échangeur métallique, basé sur une récupération dite passive. Le tuyau d’eau froide, qui alimente le robinet de douche, est apposé contre celui des eaux grises provenant du siphon. Résultat : un transfert thermique statique de l’ordre de 20 à 30 %. Concrètement, un tuyau permet de transférer l’énergie entre les eaux usées et l’eau propre arrivant dans le bâtiment.
Le dispositif le plus courant se présente sous forme d’un tube vertical mesurant entre 1,70 m et 2,10 m. À l’intérieur de ce tube en PVC pression, un conduit en cuivre joue le rôle d’échangeur. Les eaux usées s’écoulent à l’intérieur du tube en cuivre tandis que l’eau froide circule dans l’interstice entre le PVC et le cuivre.
« Des eaux usées à 35°C, issues par exemple d’une douche, peuvent être refroidies à 17°C, tandis que l’eau froide, initialement à 12°C, est préchauffée jusqu’à 30°C. Tout cela grâce à la conductivité du métal », explique Jean Sobocinski, co-directeur de l’entreprise.
Evolsys propose une gamme de solutions adaptables aux contraintes techniques des sites, aux spécificités des projets et aux caractéristiques de l’eau utilisée. Échangeurs tubulaires verticaux, horizontaux ou à plaques destinés aux processus industriels et aux bâtiments de faible hauteur : l’entreprise couvre un large spectre de besoins.
Un potentiel immense et des applications variées
Les technologies développées par Evolsys s’appliquent partout où de l’eau chaude est rejetée. Elles s’adressent aux logements, à l’hébergement collectif, aux équipements sportifs et gymnases, ainsi qu’au secteur tertiaire, notamment les bureaux disposant de douches.
Les processus industriels constituent également un terrain d’application prometteur. Mais ce sont les centres aquatiques qui représentent aujourd’hui près de la moitié de l’activité d’Evolsys. Ces établissements génèrent un gisement énergétique considérable, comme le souligne le dirigeant : « Dans ces centres, environ 75 litres d’eau sont rejetés par baigneur, en dehors des douches, ce qui permet de récupérer une grande quantité d’énergie pour préchauffer l’eau des bassins. »
Des performances énergétiques remarquables
Les systèmes Evolsys séduisent par leur simplicité d’installation, notamment dans le neuf, même si la moitié des projets concernent des rénovations. Leur faible encombrement en fait une solution discrète et efficace.
Les performances sont au rendez-vous. Dans les secteurs résidentiel et hôtelier, la récupération d’énergie varie entre 25 % et 66 % selon les configurations, avec une moyenne d’environ 45 à 50 %. Dans les piscines, l’efficacité grimpe à plus de 94 % grâce à des échangeurs spécifiques, capables de capter quasiment toute l’énergie des eaux usées.
Un exemple concret illustre ces performances : « l’installation d’un système Evolsys chez un particulier a permis de réduire par 2,7 la consommation énergétique dédiée à la production d’eau chaude sanitaire », apprend-on. Simples, sans maintenance et robustes, ces équipements s’installent en moyenne en 1h30 à 2h, voire en seulement 1 heure pour les constructions neuves.
Une croissance maîtrisée et des perspectives solides
Si la récupération de chaleur sur eaux usées reste encore un secteur jeune en Europe, les solutions proposées sont déjà abouties et pérennes. Cela n’empêche pas Evolsys de poursuivre ses efforts en recherche et développement.
L’entreprise affiche une croissance soutenue, avec +40 % de chiffre d’affaires l’an dernier et des prévisions de +20 à +25 % pour cette année, une dynamique qui se confirme depuis cinq à six ans. Pour structurer son développement, Evolsys s’appuie sur trois entités complémentaires. Basée à Lille, Evolsys pilote la distribution et le conseil. À Toulouse, EHTech, se consacre à la R&D, à la conception et à la fabrication des systèmes, notamment les plus imposants. Enfin, GreenHeat propose un modèle innovant : l’entreprise finance elle-même les installations et revend ensuite les mégawattheures récupérés. Ce modèle est particulièrement adapté aux centres aquatiques et aux sites industriels, qui offrent des volumes importants et une visibilité sur la ressource énergétique. GreenHeat répond également aux enjeux liés à la température des rejets industriels.
Pour l’heure, la priorité d’Evolsys reste la consolidation de ses activités sur le marché français, où le potentiel est encore immense. L’international, notamment via la proximité avec la Belgique, constitue une perspective, mais n’est pas un axe immédiat.