Ce film, qui se focalise sur la place des deux multinationales de l'eau Veolia Eau et Suez Environnement, rebat les cartes d’un sujet tant de fois évoqué dans les médias. Le documentaire reprend les exemples de plusieurs contrats en France (Grenoble, Bordeaux, Paris) et en Allemagne. Malheureusement, il apporte une vision très manichéenne de la gestion de l’eau, où les entreprises sont vues comme une mafia, et les régies publiques sont encensées. Certes, il est légitime de poser la question du mode de gestion, de la délégation de service public à des entreprises privées, ou de la renégociation des contrats, comme le montre le cas du contrat de la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB) qui a donné lieu à une restitution de 233 millions d’euros par Lyonnaise des eaux à la CUB. Mais il faut aussi ne pas idéaliser la gestion en régie de l’eau et montrer que les enjeux de l’eau dépassent le simple choix du mode de gestion de l’eau.
En ce jour symbolique consacré à la thématique de l’eau, où il serait nécessaire de faire prendre conscience à la population de l'importance des enjeux de l'eau à l'échelle de la planète (sécheresse, changement climatique, crise alimentaire, urbanisation croissante, gestion des usages de l'eau, etc.), il est bien dommage de se focaliser sur cette question, et ce d’autant plus que l’argumentaire comporte des erreurs grossières. Notamment quand les réalisateurs accusent ces entreprises privées d’être responsables de la pollution de la ressource par les engrais et pesticides ainsi que des marées vertes en Bretagne, ou encore de l’augmentation du taux de chlore dans le réseau de distribution d’eau - alors même que la décision relève du ministère de la Santé et du plan Vigipirate. En d’autres termes, il est regrettable que les vraies questions sur la responsabilité de notre société et de ses multiples acteurs (industries, agriculteurs, collectivités et élus, entreprises, société civile…) ne soient pas abordées, tout comme les solutions possibles pour s’en sortir.
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