Les chiffres publiés fin juin par la Commission des comptes et de l'économie de l'environnement ne sont pas des plus réjouissants. Pour la première fois depuis vingt ans, les dépenses consacrées à la gestion des eaux usées ont diminué (de 1,6 %) entre 2008 et 2009. Elles s'élèvent à 13,3 milliards d'euros. Le budget de la protection et de l'assainissement du sol, des eaux souterraines et des eaux de surface chute quant à lui de 13 % (à 1,5 milliard d'euros). Les dépenses de prélèvement et de distribution d'eau stagnent enfin à 8,7 milliards d'euros. Pour les industriels du secteur, il n'est pas question pour autant de laisser la sinistrose s'installer. Sur Pollutec Horizons, nombre d'exposants ont compris que faire des économies imposait une offre adaptée en conséquence. Les maîtres mots cette année : performances, optimisation, réduction des consommations. MESURE De nombreuses innovations s'attaquent aux fuites des réseaux, comme le nouveau capteur de niveau présenté par la société Ijinus (allée E, stand 137). En équipant les noeuds d'entrée et de sortie d'un réseau maillé d'eau potable, l'exploitant peut facilement visualiser les éventuels dysfonctionnements et identifier le secteur responsable. « Les capteurs se branchent sur les débitmètres à impulsion, explique Olivier le Strat, directeur de la société. Ils ont la taille d'une canette de soda et fonctionnent de manière totalement autonome, sans alimentation. » Équipés de puces GPRS, ils peuvent être paramétrés en mode écoute ou envoyer des informations lorsque certains seuils sont dépassés. « Leur atout est leur capacité à se synchroniser », poursuit Olivier le Strat. Il n'y a pas de décalage dans le temps entre les mesures et l'administrateur a toutes les données en main pour hiérarchiser les interventions qu'il juge nécessaires. SUPERVISION Exposant sur le pavillon Île-de-France (allée F, stand 111), l'éditeur de logiciels d'informatique industrielle Areal présente quant à lui la nouvelle version de son outil de supervision Topkapi. Collectant les données du réseau, gérant les alarmes et effectuant des bilans périodiques, il affiche instantanément des informations statistiques synthétiques d'équipements sélectionnés à la volée (temps de marche d'une pompe, temps de défaut d'un surpresseur, écart de comptage entre deux capteurs de mesures...). Dans sa dernière version, le logiciel dispose de librairies d'objets qui permettent d'accéder, sans développement ni paramétrage, aux statistiques de fonctionnement du process supervisé. Permettant ainsi d'analyser simplement les données brutes d'un équipement pour les comparer à un autre ou à une valeur antérieure. DERNIÈRES VERSIONS D'autres spécialistes du contrôle des procédés sont à découvrir à l'instar de Jumo (allée B, stand 200) qui présente la dernière version de sa gamme de convertisseurs de mesures pour l'analyse des liquides ou Bürkert (allée G, stand 138) avec son transmetteur et contrôleur multifonctions MultiCell. Au-delà de l'optimisation du fonctionnement des réseaux d'eau et d'assainissement, une meilleure maîtrise de la ressource implique de repenser le rôle des eaux pluviales à l'occasion des opérations d'aménagements. C'est du moins ce que tentera d'expliquer Ronan Quillien, chargé d'étude à la direction eau et assainissement du conseil général de Seine-Saint-Denis, animateur mardi 29 novembre à 16 heures d'une conférence sur le sujet (Forum Ville durable). Alors que l'imperméabilisation des sols est un frein à l'écoulement naturel, « on s'intéresse d'abord à l'eau pluviale pour éviter les inondations, explique-t-il. On doit aussi la voir comme une ressource ». Et si l'on pense souvent en premier lieu à leur utilisation à l'intérieur des bâtiments, Ronan Quillien incite à regarder plus loin. « Cette eau doit être mise à contribution pour irriguer naturellement les espaces verts ou pour apporter des îlots de fraîcheur en zone urbaine », insiste-t-il. Les professionnels sont eux en ordre de marche pour répondre à la demande. À l'image d'Altereo (allée L, stand 010), une société de conseil et d'assistance technique aux collectivités. Parmi ses compétences : l'optimisation de la gestion des eaux pluviales grâce à des modélisations hydrologiques et une meilleure définition de la politique d'aménagement. Les maillons plus techniques de la chaîne sont aussi sur le salon : de la société Vega (allée F, stand 193) spécialisée dans la mesure de niveau, de débit et de pression (dans les bassins d'orage, les chenaux ouverts...) à Beijing Tidelion, un exposant du pavillon chinois (allée L, stand 116), spécialiste des systèmes de drainage, des bassins de décantation et des matériels de rétention et de protection. Conscient de l'étendue de l'offre, Ronan Quillien lance néanmoins un défi à l'industrie : « Être capable de proposer des solutions qui se mettent à l'échelle des projets. » Certains séparateurs d'hydrocarbures sont, par exemple, précalibrés pour des eaux très polluées. Or, en ville, l'eau qui ruisselle reste à des taux de pollution assez faibles. FIABILITÉ TOTALE Côté épuration, la performance des installations est une clé essentielle d'une politique de préservation de la ressource. Par définition, une nappe polluée devient impropre à la consommation ! À l'honneur cette année, le village Spatial (allée P, stand 26) met en avant l'utilisation des applications satellitaires dans la surveillance environnementale. La recherche de substances dangereuses passe aussi par des solutions d'analyse, de mesures et de contrôle dans les stations d'épuration. IPL Santé environnement durables (allée B, stand 72) présente ainsi son offre RSDE-STEU apportant une fiabilité totale pour surveiller les rejets de substances dangereuses. « Un diagnostic erroné pourrait avoir des conséquences financières sans commune mesure avec le coût des analyses », insistent les experts d'IPL. Plusieurs innovations concernent par ailleurs l'élimination des matières grasses qui perturbent le fonctionnement des stations d'épuration et qui sont omniprésentes dans l'industrie agroalimentaire. Realco présente son procédé enzymatique Hydramax (allée V, stand 97) tandis que Pulsonic Technologies propose son séparateur GreaseBuster adapté aux fosses sceptiques et aux systèmes d'évacuation (allée B, stand 183). Pour le monde du bâtiment, N-Écobac (allée M, stand 116) innove avec un système de lavage mobile. Le produit nettoie tous types d'outils, du godet béton à la truelle, et récupère les boues de lavage avant de recycler l'eau utilisée. NOMINÉES Plusieurs entreprises nomminées pour un prix européen de l'innovation (EEP Award) concernent enfin les rejets de polluants. L'allemand Hansgrohe a développé une technique de traitement électrochimique pour décomposer les tensides fluorés des eaux usées. Le belge Nuresys (allée E, stand 93) est capable de récupérer jusqu'à 85 % du phosphate présent dans les eaux usées pour le transformer en engrais agricole. Et le suisse Heiq Materials (allée T, stand 41) a conçu pour les épisodes de marée noire une membrane non tissée à forte capacité d'absorption du pétrole et de rejet de l'eau. Les EEP Awards seront remis mercredi 30 novembre à 11h45 (Plateau TV).